« Le meilleur moment dans ce métier, c'est lorsque je navigue sur une belle eau claire et que je constate que nos animaux sont en bonne santé », affirme Annie Castaldo, conchylicultrice à Marseillan, dans l'Hérault. Avec son mari, Gilles Picardy, et un salarié permanent, elle produit des huîtres et des moules sur l'étang de Thau, qui est en réalité une lagune. « Mon grand-père a laissé la pêche en pleine mer pour installer ici ses premières tables », raconte cette descendante de pêcheurs italiens.
L'entreprise familiale vient de fêter ses 60 ans. Depuis sa création, le travail s'est beaucoup mécanisé. « Mon père a construit lui-même des équipements en Inox, lorsqu'il a fallu se mettre aux normes européennes en 1992. » Mais les méthodes de production restent artisanales. « Nous adhérons à l'association des ostréiculteurs traditionnels et nous utilisons uniquement du naissain capté dans le milieu naturel, que nous achetons sur la façade atlantique. »
L'élevage s'effectue sur des cordes suspendues à des tables (plates-formes de 50 m sur 12 m). L'étang de Thau en compte 2 750 sur 352 ha concédés. « Nous avons douze tables en concession mais nous n'en utilisons que sept à huit. Nous préférons travailler moins, sans surexploiter le milieu, et bien valoriser notre production », affirme la conchylicultrice, soucieuse de développement durable. Près de 90 % de sa production est commercialisée en direct sur les marchés et au mas, à un prix moyen de 5 € la douzaine d'huîtres et 3 €/kg de moules.
MORTALITÉ DES NAISSAINS
Adhérente du Civam Racines 34, elle développe depuis 1999 des activités d'accueil éducatives. « Je reçois des classes pour des ateliers sur l'environnement ou le goût. J'accueille également des jeunes en rupture avec l'école », souligne-t-elle. De juin à septembre, Annie fait aussi découvrir la lagune et ses métiers aux visiteurs. « C'est un milieu riche mais fragile, que nous devons préserver. »
Pour couvrir ses frais, l'entreprise doit produire 30 t d'huîtres et 10 t de moules. En 2009 et 2010, la mortalité des naissains a explosé et, en 2011, la production d'huîtres est descendue à 15 t. « Les activités d'accueil représentent aujourd'hui 20 % de notre chiffre d'affaires et nous aident à résister. Mais nous avons cumulé des pertes », souligne Annie. A quelques années de la retraite, elle espère redresser la situation avant de transmettre l'entreprise. « Malgré les difficultés, il y a de la relève. Autour de l'étang, il n'y a pas un mas vide, et des jeunes bien formés arrivent ! »