«Aucun risque avec les dérobées. Même si leurs rendements n'atteignent pas les objectifs, elles fournissent un fourrage peu coûteux », assure Stéphane Martignac, de la chambre d'agriculture de Corrèze. Et elles apportent un stock de qualité aussi bien sur pied pour le pâturage qu'en silo ou en enrubannage. Les valeurs alimentaires mesurées depuis 2010 en Limousin, dans le cadre du Programme structurel herbe et fourrages, sont pour certaines proches de celles des concentrés achetés dans le commerce.
ENTRE 60 ET 200 €/t de MS
Objectif : compléter les stocks. Le coût d'une culture dépend de l'itinéraire cultural nécessaire à sa mise en place. Celui-ci varie en fonction de la finalité de la culture, stock ou pâturage. « Pour les cultures destinées aux stocks, mieux vaut prévoir un labour afin d'éviter que les repousses d'orge gênent l'implantation de la dérobée, assure Hervé Feugère, de la chambre d'agriculture de la Creuse. Au total, la préparation du sol revient à environ 70 €/ha. Le coût du poste semence est du même niveau, qu'il s'agisse de sorgho, de moha ou de l'avoine rude étudiée dans le Limousin. Lorsque l'on ajoute les frais liés au semoir, au roulage et à la fertilisation (50 unités d'azote/ha), le coût total s'élève à 240 €/ha. Avec une récolte en enrubannage, il faut compter 170 €/ha supplémentaires (1). Au final, le coût de revient avoisine 410 €/ha. Un chiffre qu'il convient de rapporter à la quantité récoltée. Celle-ci est variable d'une année à l'autre. A 2 t de MS, le prix de revient de la tonne de MS dépasse à peine 200 €/ha. A 4 t de MS, comme ce fut le cas en 2011, c'est moitié moins et le prix se rapproche de celui du foin. Si le rendement n'atteint pas les objectifs, il est possible de ne pas récolter la ressource et de la faire pâturer, ce qui limite les frais.
L'ensilage est un peu moins coûteux que l'enrubannage. Un moha qui atteint 3 t de MS/ha stockées en silo revient à 130 €/t de MS.
Une dérobée destinée à la pâture exige moins de frais de mise en place. Elle peut être semée plus tard, le temps de réaliser un faux-semis pour éviter les repousses de céréales. Le labour n'est pas nécessaire. Entre le travail du sol, le semis, la fertilisation avec 50 u d'ammonitrate, le coût de revient s'établit à 150 €/ha. Ce qui, rendu à la tonne de MS, donne 75 € pour un rendement de 2 t de MS/ha et 37,5 €/ha à 4 t de MS/ha.
DES STOCKS VARIABLES D'UNE ANNÉE A L'AUTRE
Moha, avoine rude et sorgho. « En 2012, les rendements sur notre zone sont un peu moins élevés que ceux de l'année dernière, constate Hervé Feugère. En sorgho, ils atteignent 2,8 t de MS/ha, soit 1 t de MS de moins qu'en 2011. Les conditions climatiques sont très différentes. Le semis a été effectué tardivement, le 31 juillet, si bien que la culture n'a bénéficié que de 48 jours de végétation. Pour le moha, les stocks sont un peu plus élevés, avec 3,2 t de MS/ha en 2012 mais c'est 1,4 t de MS de moins qu'en 2011. « La bonne surprise, ce sont les valeurs alimentaires liées au stade végétatif, explique Hervé Feugère. Les analyses font apparaître cette année le sorgho à 101 g de PDIN et 61 g de PDIE (contre 73 g de PDIN/kg de MS et 56 g de PDIE/kg de MS en 2011.) En énergie, elles sont comparables à celles de 2011, avec 0,74 UFL/kg de MS. Celles du moha et de l'avoine rude étaient légèrement supérieures l'an dernier, avec respectivement 0,77 UFL/kg de MS et 0,78).
Colza, navet et ray-grass italien. Le semis a eu lieu tardivement en 2012, peu avant le mois de septembre. Après 42 jours de végétation, le rendement du colza avoisinait 2,2 t de MS/ha, contre 3,6 l'année précédente. En navet, le stock moyen était de 2,8 t de MS/ha réparties entre feuilles et racine. Les analyses de 2011 faisaient apparaître une valeur alimentaire de 0,89 UFL/kg de MS pour le colza et 0,81 UFL/kg de MS pour le navet. La matière azotée totale de ces dérobées oscille entre 13 et 17 %, ce qui est plus élevé que celle des trois espèces cultivées pour les stocks. Sorgho, moha ou avoine rude s'affichent entre 11 et 14 %. En 2011, la sole des dérobées avait beaucoup augmenté en Limousin après un printemps sec. « Tous les éleveurs n'en ont pas resemé cette année, mais certains l'on regretté après avoir puisé dans les stocks pendant l'été », conclut Stéphane Martignac.
(1) Ces chiffres ont été calculés suivant le barème d'entraide des Cuma 2011.