La stratégie fongicide contre les maladies foliaires du blé doit être élaborée en fonction des plus nuisibles de la région et de la tolérance des variétés à ces maladies. Le programme prévisionnel, généralement calé sur deux ou trois interventions, sera ajusté à la hausse ou à la baisse en cours de campagne en fonction du contexte climatique, de la parcelle (date et densité de semis, gestion des résidus…) et de la pression des maladies. « Le positionnement des traitements est également un enjeu déterminant », alerte Arvalis, qui l'estime de 5 à 10 q en année de moyenne pression. Le choix des produits doit aussi prendre en compte le prix du blé et celui des produits. Or, selon Arvalis, « le prix des fongicides céréales pourrait connaître une hausse significative cette année ». En France, les pertes de rendement dues aux maladies foliaires s'établissent à 16,5 q/ha en moyenne sur les dix dernières années, avec de fortes amplitudes (27,1 q/ha en 2008 et 8,3 q/ha en 2011). Il faut donc calibrer la fourchette d'investissement en fonction

La stratégie fongicide contre les maladies foliaires du blé doit être élaborée en fonction des plus nuisibles de la région et de la tolérance des variétés à ces maladies. Le programme prévisionnel, généralement calé sur deux ou trois interventions, sera ajusté à la hausse ou à la baisse en cours de campagne en fonction du contexte climatique, de la parcelle (date et densité de semis, gestion des résidus…) et de la pression des maladies. « Le positionnement des traitements est également un enjeu déterminant », alerte Arvalis, qui l'estime de 5 à 10 q en année de moyenne pression. Le choix des produits doit aussi prendre en compte le prix du blé et celui des produits. Or, selon Arvalis, « le prix des fongicides céréales pourrait connaître une hausse significative cette année ». En France, les pertes de rendement dues aux maladies foliaires s'établissent à 16,5 q/ha en moyenne sur les dix dernières années, avec de fortes amplitudes (27,1 q/ha en 2008 et 8,3 q/ha en 2011). Il faut donc calibrer la fourchette d'investissement en fonction de la nuisibilité attendue sur feuilles : à 20 q/ha, la dépense fongicide idéale s'échelonne de 56 à 91 E/ha selon le prix du blé. Pour 200 E/t, la dépense idéale serait de 80 E/ha. Celle-ci tombe à 64 E/ha pour une nuisibilité de 15 q/ha et à 97 E/ha pour une nuisibilité de 25 q/ha. En 2012, la dépense fongicide moyenne a été de 78 E/ha, en deçà donc de l'optimum économique. L'introduction des SDHI (ou carboxamides) dans les programmes de traitement, même s'ils sont plus chers que les solutions existantes, ne doit changer en rien la dépense fongicide idéale. Ils font certes gagner des quintaux, d'autant plus si la nuisibilité est importante mais, selon Arvalis, « il n'y a aucune raison a priori de dépenser plus sous prétexte d'introduire un SDHI dans le programme. C'est la pression parasitaire qui détermine le niveau d'investissement. » Le raisonnement est plutôt : « Si je veux investir 80 E/ha, mieux vaut que j'investisse dans un SDHI. » La question peut toutefois se poser, dans le contexte actuel d'embellie du prix des céréales, d'augmenter légèrement l'investissement en fongicides en acceptant d'investir un peu plus au profit de cette nouvelle famille chimique.

INTEGRER LES SDHI

Les conditions climatiques de 2012 étaient propices pour affiner le profil des SDHI nouvelle génération (Adexar, Aviator Xpro), arrivés en fanfare sur le marché l'an dernier. Leur potentiel respectif a pu être observé en situation de forte pression de maladies (lire page 54). Ces innovations confirment un réel progrès en termes d'efficacité et de rendement. Du fait de leur coût élevé, les produits ont été utilisés à une dose proche de 50 % de celle homologuée, « un constat jamais observé en année de lancement », souligne Arvalis.

Sur blé tendre, l'arrivée du bixafen et du fluxapyroxad s'est traduite, selon les panels, par une forte augmentation du pourcentage d'hectares ayant reçu un SDHI, passant de 26 % en 2011 à 45 % en 2012. Ainsi, près d'un hectare sur deux a reçu un SDHI au printemps dernier ! Et 70 % sont prévus en 2013. En 2014, deux nouvelles molécules devraient arriver sur le marché, l'isopyrazam et le penthiopyrad. Toutefois, l'époxiconazole, avec le prothioconazole et le prochloraze, restent les trois matières actives les plus utilisées sur céréales.

Pour cette campagne, les SDHI seront donc encore au coeur des programmes, les nouveautés homologuées récemment n'apportant pas de bouleversement majeur. A coût équivalent, les carboxamides nouvelle génération figurent parmi les meilleures spécialités du moment. A condition d'adapter les doses au niveau de pression des maladies, en substituant 1 € de fongicide classique par 1 € de SDHI.

Les solutions hors SDHI ne sont pas pour autant hors-jeu et trouvent leur place au premier traitement. Certaines présentent sur septoriose un rapport qualité-prix équivalent à celui des carboxamides. Par exemple, Osiris Win (époxiconazole + metconazole) + Bravo (chlorothalonil) rivalisent avec Adexar. Mais il faudra attendre 2014 pour utiliser ce mélange non encore autorisé (lire l'encadré page 49). Sur rouille brune, les strobilurines associées à des triazoles conservent un réel intérêt dans les situations à risque (variétés sensibles, régions régulièrement touchées…).

DIFFÉRENTS MODES D'ACTION

« Les SDHI ne méritent donc pas d'être généralisées », soutient Arvalis, qui réitère aussi sa recommandation de ne pas utiliser plus d'un carboxamide (boscalid, bixafen, fluxapyroxad) par campagne. L'objectif étant de réduire les risques d'apparition de résistances à ces molécules afin de les faire durer le plus longtemps possible. Les SDHI sont en effet des substances actives à risque vis-à-vis de résistances spécifiques. « Cette année en France, avec une nuisibilité de 26 q/ha, l'application d'un deuxième SDHI aurait permis de gagner 2 q/ha bruts supplémentaires. Mais en année à faible pression, ce n'est pas le cas. Nous conseillons donc de n'en utiliser qu'un seul dans la saison », explique Jean-Claude Maufras, spécialiste des fongicides chez Arvalis, qui ajoute : « En Irlande, ils ont raison d'appliquer deux SDHI car la nuisibilité est de 80 q/ha ! » Dans l'Hexagone, en cas de forte pression de maladies, mieux vaut renforcer le T1 en changeant de produit ou en renforçant la dose.

Les strobilurines et le prochloraze doivent aussi être limités à une seule pulvérisation par campagne. Quant aux triazoles, il convient de les alterner au cours du printemps, en évitant d'utiliser deux fois la même substance active. « Finalement, il n'y a pas tant de solutions possibles pour établir son programme », estime Jean-Yves Maufras. On peut commencer par choisir le produit du T3, une triazole par exemple (Prosaro…), faire un SDHI en T2 (Adexar...) et en T1 un chlorothalonil (Cherokee), fongicide multisite qui présente un risque de résistances limité.

CHLOROTHALONIL ET PROCHLORAZE EN T1

Le chlorothalonil ainsi que le prochloraze confirment en effet leur intérêt technico-économique pour lutter contre la septoriose, en renforçant l'efficacité des triazoles. Le positionnement naturel des SDHI en T2 « pousse » finalement ces associations triazoles + prochloraze ou chlorothalonil plutôt en T1. « Opus New + Pyros ou Cherokee risquent d'être soumis plus durement à la concurrence s'ils sont positionnés en T2 », argumente Jean-Yves Maufras. Les SDHI seront donc plutôt appliqués en T2 dans le cadre d'un programme à deux ou trois traitements, associés ou non à une triazole.

Les carboxamides peuvent être aussi valorisés en positionnement unique, dans un contexte de faible pression et d'arrivée tardive des maladies. Ils n'ont pas une grande efficacité sur la fusariose de l'épi et n'ont donc pas leur place en T3. A l'inverse, ces nouvelles matières actives pourraient occuper le segment des T1. Mais attention dans ce cas à l'alternance des modes d'action des substances actives : ce segment est déjà occupé par les associations à base de chlorothalonil à positionner à ce stade. A noter par ailleurs que les programmes Cherokee + Aviator Xpro (0,6 l) et Cherokee puis Adexar (0,8 l) donnent des résultats identiques pour un coût similaire. L'écart observé dans les essais en faveur d'Adexar se resserre donc en programme : Aviator Xpro n'est plus placé en curatif et Cherokee en T1 a fait son travail.

Peu utiles contre la septoriose, les strobilurines (50 à 75 g/ha) peuvent trouver leur place en T2 en complément des triazoles, du stade dernière feuille au stade épiaison, pour contrôler la rouille brune. En Poitou- Charentes ou en Bretagne, sur un complexe septoriose-rouille brune, le mélange trois voies triazoles-SDHIstrobilurine sera à privilégier.

En T3, mieux vaut éviter l'azoxystrobine et la picoxystrobine dans les situations où le risque est avéré. Dans ce cas, Arvalis conseille une triazole antifusarium seule : Prosaro reste le meilleur compromis qualitéprix quelle que soit la dose (entre 0,5 et 1 l/ha en fonction du risque à couvrir et de l'investissement consenti). Il est aussi possible d'utiliser Swing Gold (dimoxystrobine) ou Fandango S (fluoxastrobine), les résultats récents ayant montré que les effets négatifs observés sur la qualité sanitaire étaient généralement absents ou peu marqués. En situation de forte pression de septoriose, le traitement antifusariose doit également être efficace contre la maladie foliaire (avec un prothioconazole ou un metconazole).