L'histoire d'Hervé Wendling est celle d'une vocation contrariée. « J 'ai toujours voulu être agriculteur », lance-t-il. Ses parents le dissuadent de suivre une formation agricole. Hervé apprend l'ébénisterie. Il exerce son métier pendant quinze ans lorsqu'il lit un article qui lui apprend que la filière ovine départementale recrute (Bas- Rhin). « J'avais 37 ans et j'élevais une dizaine de brebis pour mon plaisir. J'étais un peu lassé par mon travail. C'était l'occasion ou jamais. On m'a traité de fou », se souvient-il.

Il s'installe à Gries, dans la plaine du Rhin, en 2004. Son projet prévoit l'achat d'un bâtiment pour loger 200 brebis en hors-sol. « Le capital de départ est moins important qu'en vaches allaitantes et la rotation est rapide », justifie Hervé. Le foncier ? Hervé juge l'obstacle insurmontable, tant les terres de son secteur sont convoitées pour le maïs. Aujourd'hui pourtant, il exploite 42 hectares, 27 de cultures et 15 de prés.

UN REVENU SERRÉ

Ils sont le résultat d'une addition de petites surfaces achetées via la Safer, cédées par des proches, grapillées auprès de doubles-actifs cessant leur activité, de parcelles reprises au décès de leur exploitant. « Jamais plus de 2 à 3 ha par an. Ma plus petite parcelle fait douze ares, la plus grande 3 hectares », précise Hervé. En 2007 et 2008, deux propriétaires lui proposent 5 et 8 ha d'un coup. Hervé attribue cette aubaine à son attitude. « Je leur avais juste fait part de mon intérêt. Mais je n'ai pas cherché à avoir ces terres à tout prix, alors que d'autres faisaient le forcing », explique-t-il. Son principal regret est de ne pas avoir récupéré 2 ha de prés que lui a légués sa mère. Le locataire en place s'y refuse. L'affaire est en attente de jugement. « C'est le seul exemple où ça se passe mal », signale Hervé. Il espère encore s'agrandir un peu. « Je ne mets en bergerie que les brebis qui agnellent. Je pourrais monter à 300 ou 350 mères mais l'accès au foncier sera toujours aussi difficile. »

Hervé estime que son exploitation a trouvé son rythme de croisière depuis 2010. Mais son budget reste « serré ». Il vend tous ses agneaux en direct à des bouchers. Il tire 30 % de son revenu d'une activité de salarié chez un agriculteur d'une commune voisine. Ce mélange des genres lui convient. « Mon but n'est pas de devenir agriculteur à temps complet. Etre aussi salarié, cela varie mon quotidien. »