« La main-d'oeuvre qualifiée se fait rare. On ne trouve plus de porcher, regrettent Pascal et Jean-Claude Galland, producteurs de porcs à Betz-le-Château, dans l'Indre-et-Loire. La seule solution est de former des gens motivés ! »

Associés en EARL, les deux frères fournissent des porcs charcutiers et transforment une partie de leur viande pour la vendre en direct. En 2010, ils ont décidé de créer un poste de porcher pour « sécuriser l'élevage ».

« Nos ventes augmentaient, nous avions besoin d'amener plus régulièrement des porcs à l'abattoir, souligne Jean-Claude. Il fallait aussi dégager du temps pour la mise aux normes en matière de bien-être animal et le développement d'un projet de ferme pédagogique. »

Seulement 65 % du salaire net à payer

Après un an de recherches infructueuses, une candidate a retenu leur attention. Issue du milieu équin, Sabrina Perrotin, 26 ans, ne bénéficiait pourtant que d'une expérience en élevage de chèvres.

« Elle n'avait jamais vu un cochon de sa vie, mais elle était très motivée, indique Jean-Claude Galland. Son parcours était intéressant, ses anciens employeurs n'en faisaient que des éloges. Et puis, c'est une passionnée d'animaux : quand l'animal souffre, elle souffre ! C'est ce qui nous a convaincu de la recruter. »

Il restait à la former au poste voulu. Pascal et Jean-Claude ont eu recours au dispositif Ardan, que finance la Région Centre (lire l'encadré).

« Ardan est une aide à l'embauche qui accompagne un projet d'entreprise. Pendant six mois, l'employeur ne paye que 65 % du salaire net fixé conventionnellement (ici, 1.350 euros). Le reste est complété par Ardan et une aide de Pôle emploi », explique Sophie Bidet, conseillère en ressources humaines à la chambre d'agriculture de l'Indre-et-Loire.

De son côté, le futur salarié a le statut de stagiaire jusqu'à son embauche définitive. « Je voulais bien me former, mais pas retourner sur les bancs de l'école », évoque Sabrina. Un programme de formation adapté à ses besoins a été conçu avec ses employeurs et mis en oeuvre par la chambre d'agriculture.

Tout s'est déroulé sur l'exploitation, au contact d'intervenants divers, vétérinaires et autres professionnels. Coût total : 1.900 euros, pris en charge intégralement par Ardan. A l'issue des six mois, en octobre 2011, Sabrina a signé son contrat de travail à durée indéterminée, avec un salaire net de 1.500 euros.

Ses employeurs ont en plus mis en place un intéressement aux résultats, avec une prime en fonction des porcelets sevrés. Un juste retour des choses, selon Jean-Claude Galland : « Nous avons pu développer nos activités de vente depuis le recrutement de Sabrina. Mais c'est surtout la productivité de l'atelier porcin qui a gagné, en termes de naissances ou de sevrage, grâce à elle ! »

Ardan est présent dans six régions

Le dispositif Ardan existe aujourd'hui dans six régions : Haute-Normandie, Lorraine, Midi-Pyrénées, Nord-Pas-de-Calais, Provence-Alpes-Côte d'Azur et Centre.

Dans les cinq premières (1), le dispositif est porté par le Conservatoire national des arts et métiers. Ardan Centre, à qui l'EARL Galland a fait appel, est au contraire géré par une association (2). Celle-ci concentre ses efforts sur l'accompagnement d'embauche de personnel en vue d'un développement d'activité dans l'entreprise (vente directe, nouvelle gamme de produits...).

« Nous construisons des formations adaptées aux demandeurs d'emploi et aux besoins de l'entreprise, ce qui garantit la qualité des projets. En 2011, 87 % des stagiaires ont été embauchés à l'issue de leur stage, toutes activités confondues », se félicite Elisabeth Chayrigues, directrice d'Ardan Centre.

Les autres régions mettent l'accent sur la formation du chef d'entreprise, ou de toute autre personne concernée par son projet. A la clé : l'obtention d'un titre professionnel.

Dans tous les cas, les financements sont assurés par les conseils régionaux.

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(1) www.ardan.fr

(2) www.ardancentre.fr

Plus d'infos

• Haute-Normandie, Lorraine, Midi-Pyrénées, Nord-Pas-de-Calais et Paca : www.ardan.fr

• Centre : www.ardancentre.fr