Si l'automne 2011 a vu les applications d'herbicides sur céréales à paille exploser, cette année le scénario devrait être bien différent.
« Etant donné le retard accumulé dans les chantiers de semis à cause des pluies, les fenêtres d'intervention pourraient être plus limitées », confirme Lise Gautellier-Vizioz, d'Arvalis.
Or l'Institut du végétal recommande vivement, pour les parcelles présentant des résistances avérées ou des dérives d'efficacité sur graminées, telles que ray-grass et vulpin, d'intervenir à l'automne et de compléter éventuellement par un autre passage à cette même période ou sortie hiver.
Mais, dans le contexte actuel, toutes les interventions ne seront pas forcément envisageables. Et pour garantir l'efficacité des produits, il faut suivre les conditions d'emploi indiquées sur les bidons.
Si l'absence de pluie et le ressuyage sont nécessaires pour rentrer dans la parcelle, les spécialités exigent parfois des conditions climatiques spécifiques : de fortes pluies peuvent lessiver les produits racinaires ou provoquer des phytotoxicités (exemple du flufenacet).
D'autres ne sont pas applicables sur sols gelés ou avec de fortes amplitudes thermiques...
Préférer la prélevée
• A l'automne, le désherbage s'effectue en prélevée ou entre 1 et 3 feuilles (voire jusqu'au tallage). « Peu d'agriculteurs interviennent en prélevée car ils n'ont pas connaissance de la flore présente.
Mais, cette année, il pourrait être opportun d'intervenir à ce stade, surtout quand la parcelle est déjà infestée de ray-grass ou de vulpin, car il y aura moins de probabilité de passer plus tard », estime la spécialiste. De plus, les passages les plus précoces demeurent les plus efficaces.
En présence de vulpin, il est possible d'appliquer Herbaflex à 2 l/ha + Roxy 800 EC à 2 l/ha, ou Trooper, voire Quartz GT à pleine dose. Trooper (2 l/ha) + Défi (2 l/ha) ou du chlortoluron (3 l/ha) + Défi (2 l/ha) sont des exemples d'associations à mettre en oeuvre si le ray-grass est la flore dominante.
Le chlortoluron seul à 3,6 l/ha est aussi envisageable sur cette adventice. « Si son efficacité est parfois irrégulière et moindre que les associations à base de prosul- focarbe ou de chlortholuron, elle reste supérieure aux applications d'antigraminées foliaires en sortie hiver », souligne Arvalis.
• Si l'intervention ne peut pas avoir lieu à l'automne, il faut pas- ser le plus tôt possible, fin janvier-début février, sur des adventices en- core faibles, plus faciles à détruire. Il faudra veiller à ce que l'hygrométrie et la température soient suffisantes.Deux matières actives peuvent être utilisées à cette période, même si elles ont parfois des résultats moins probants que lorsqu'elles sont appli- quées plus tôt.
En cas de vulpins résistants aux ALS, il faut préférer un traitement à pleine dose d'isoproturon, même si l'efficacité n'est que de 60 % en moyenne. Attention car, avec cette substance active, les traitements ne doivent pas avoir lieu en période de drainage.
Sur ray-grass résistant, il est conseillé d'appliquer du prosulfocarbe seul ou associé à de l'Axial Pratic (soit 3 l/ha + 1,2 l/ha).
L'application d'Axial Pratic (famille des Den) seule est envisageable, ainsi que des herbicides de la famille des ALS, auxquels seront ajoutés un litre d'huile et un litre de sulfate d'am- monium pour augmenter son efficacité.
« Cela peut, dans une moindre mesure, limiter la présence de graminées, mais attention à ne pas dimi- nuer les doses : les résistances pourraient apparaître encore plus rapidement », ajoute Lise Gautellier-Vizioz.
En complément, jouer sur l'agronomie
Quand cela est possible, il faut mettre en oeuvre des faux semis, des désherbages mécaniques, des labours tous les trois à quatre ans, des cultures de printemps dans la rotation... Cette campagne, le décalage des semis dû au climat a permis la levée de ray-grass et de vulpins.
A l'automne, envisager d'autres modes d'action
« Il n'y a pas de spécialité avec de nouveaux modes d'action annoncées pour les années à venir. Il est donc essentiel de préserver au maximum les modes d'action en les alternant », constate Lise Gautellier-Vizioz. Les herbicides utilisables à l'automne permettent d'introduire des modes d'action différents de ceux utilisés au printemps sur céréales ou dans le restant de la rotation. En effet, la quasi-totalité des produits employés sortie hiver sont des inhibiteurs de l'ALS, des Fops ou des Den et nombre de vulpins et de ray-grass sont résistants à ces familles.