Bien qu'une partie de la population voie encore les chauves-souris s'accrocher dans les cheveux et sucer le sang, elles n'ont jamais été vraiment chassées. Leur disparition est surtout la conséquence de changements sur leur environnement (remembrement, passage du pâturage en extérieur à l'élevage horssol...). La disparition de bâtiments agricoles, l'arrachage des haies, la fermeture de clochers d'églises, les infrastructures routières… ont un impact sur leur population. C'est aussi le cas de l'utilisation massive d'insecticides (notamment DDT et lindane) au sortir de la seconde guerre mondiale.
UN EFFECTIF EN PROGRESSION
Les 34 espèces présentes en France, toutes insectivores, sont plus ou moins menacées car elles ont perdu leur ressource alimentaire et leur gîte. « Mais avec le retour de pratiques plus raisonnées, l'effectif de plusieurs espèces progresse de manière assez significative depuis quelques années », positive Maxime Leuchtmann, coordinateur du groupe chiroptères Poitou-Charentes. Le spécialiste mène un travail auprès de particuliers, d'agriculteurs et des collectivités pour qu'ils s'engagent dans de bonnes pratiques afin de préserver les chauves-souris tout en ne contrariant pas les activités humaines. « Nous rencontrons souvent un bon accueil de la part des exploitants car nous leur expliquons le rôle de ces animaux et les économies substantielles qui sont à la clef », informe Maxime Leuchtmann.
TROIS MILLE INSECTES PAR NUIT
En effet, elles permettent de limiter la présence de ravageurs. Pour les plus spécialisées comme les murins, la consommation peut aller jusqu'à plus de 600 moustiques par heure. Quant à la pipistrelle commune, très courante et plus généraliste, elle ingurgite près de 3 000 insectes par nuit. Sachant qu'une colonie moyenne comporte au moins 50 individus, cela peut représenter jusqu'à 15 kg d'insectes entre mai et août.
Au niveau des élevages, des alternatives ont été proposées aux traitements anti-parasitaires utilisés sur le bétail, comme l'ivermectine. Les populations de grand rhinolophe ont été très affectées par l'emploi de ce produit. Ces chauves-souris mangent de gros coléoptères qui décomposent les excréments du bétail. « Nous vérifions également si les agriculteurs sont partants pour augmenter leur capacité d'accueil. Nous posons des gîtes pour favoriser leur présence et des nichoirs à oiseaux », souligne le chiroptérologue. Il y a une complémentarité d'action entre les oiseaux qui agissent le jour et les chauves-souris actives la nuit, ce qui permet de diminuer l'usage des insecticides.