« Sept adhérents de la Cuma du Rouclavard et cinq autres de la Cuma de Tourdan se sont associés pour investir dans un bâti nu (avec étançons) de déchaumeur Karat 9, large de 3 mètres avec semoir pneumatique », explique Eric Aubert, trésorier du premier groupe cité. La formule est originale puisque l'équipement en dents (incluant socs et ailettes) reste individuel : « Chaque agriculteur paie et utilise son propre jeu de dents. » Les douze agriculteurs de Revel-Tourdan et des alentours (Isère) ont fait ce choix il y a deux ans. Si l'investissement collectif a l'avantage de mutualiser les coûts, il peut aussi poser des problèmes d'équité entre adhérents eu égard au poste pièces d'usure et aux conditions variables d'usage.
ÉQUITÉ TECHNIQUE ET ÉCONOMIQUE
Sur un plan technique, cela évite de recevoir un outil avec des dents usées par les confrères qui l'ont employé juste avant. Et économiquement le système est équitable : chacun assume la réelle usure des dents qu'il possède, déterminée par la surface et le type de sol travaillés, ainsi que par les réglages pratiqués. Les adhérents possèdent tous les mêmes types de socs droits et larges, auxquels ils ajoutent, selon les besoins, des ailettes. « Nous avons choisi un déchaumeur avec trois rangées de dents et une rangée de disques en raison de la polyvalence de cette combinaison, précise Eric. Nous nous servons de cet appareil pour reprendre les labours, déchaumer et semer des couverts, voire du colza. »
Pour utiliser le déchaumeur, les adhérents le réservent en téléphonant à Eric, chez qui l'outil est entreposé, sans dents. Ils y viennent pour l'atteler et l'équipent de leur jeu de dents. Le Karat 9 de la Cuma possède un système de pose et dépose rapide. « Monter les onze dents prend 10 à 15 minutes, assure Eric, les enlever 10 minutes. Cela prend un peu plus de temps si les pièces sont très terreuses. » Un tel équipement est la clé de voûte de ce système de partage. Chaque ensemble dent-soc se manipule facilement. Le poids maximal atteint avec les ailettes culmine à 11,5 kg. Il faut insérer le fourreau de la pièce d'usure dans le porte-dent du châssis, puis l'y fixer avec un axe à goupille en rabattant un petit loquet. Pour déposer l'ensemble, il suffit d'ouvrir le loquet avec un crochet spécial et de laisser coulisser la pièce
UN BÂTI POUR 580 HA
Le déchaumeur est destiné à travailler sur 580 ha de polyculture. La diversité des types de sol permet d'étaler les réservations sur plusieurs semaines. L'investissement s'est élevé à 32 000 € (1). « Le châssis et le semoir ont respectivement coûté 13 000 et 4 000 €, compte Eric. Le reste était constitué par les jeux de dents, que la Cuma refacturera à chaque adhérent. » Un jeu de onze socs renforcés à l'acier coûte 348 € HT et dure de 60 à 80 ha.
(1) L'UE et le conseil régional ont financé 12 000 € de l'achat au titre du piégeage des nitrates.