Consommer moins d'antibiotiques ne veut pas dire réduire la dose prescrite. C'est avant tout réduire la fréquence d'utilisation. « La première étape est de s'assurer que l'antibiothérapie est bien utile, insiste Jacqueline Bastien, vétérinaire dans le Puy-de-Dome, et vice présidente de la SNGTV (1). Les antibiotiques n'ont absolument aucun effet sur les virus. Ils agissent uniquement sur les bactéries. » Second point, le choix de la molécule. Toutes ne sont pas efficaces sur toutes les bactéries. Cela peut conduire le vétérinaire à demander des examens bactériologiques. « Prenons une mammite. Elle peut être due à un colibacille, à un staphylocoque voire à d'autres bactéries, ce qu'une analyse du lait va déterminer. »
DES OUTILS POUR CHOISIR
Troisième obligation, le germe en cause dans l'élevage doit être sensible à la molécule choisie. « Poursuivons l'exemple d'une mammite due à un staphylocoque doré. Les souches de cette bactérie qui produisent des béta-lactamases ne répondent plus à certains antibiotiques. Pour choisir le bon médicament, il faudra donc un antibiogramme en plus de l'analyse bactériologique. » La quatrième et dernière étape concerne l'administration de la molécule. « La prescription précise un dosage, une durée et une fréquence d'administration, reprend Jacqueline Bastien. Le risque de sous-dosage est fréquent car le poids des animaux est souvent sous-estimé. Quant à la fréquence, elle varie selon les antibiotiques, une ou deux fois par jour. Il est essentiel de la respecter tout au long du traitement, non seulement pour assurer son efficacité mais aussi pour éviter de sélectionner des résistances. »
« Les éleveurs ont un vrai rôle à jouer dans la bonne utilisation des antibiotiques, comme l'élimination des flacons non terminés en fin de traitement. Une baisse de consommation d'aliment ou des animaux moins actifs doivent l'alerter car un traitement qui démarre tôt a davantage de chance d'être efficace. » Enfin, et peut-être surtout, la prévention reste le meilleur gage d'une utilisation limitée des antibiotiques. « Le bilan sanitaire annuel est l'occasion pour l'éleveur et le vétérinaire de faire le point sur les maladies survenues et de mettre en place un protocole de soins, comme des mesures préventives, sanitaires et thérapeutiques. »
(1) Société nationale des groupements techniques vétérinaires.