Elever des lapins avec des aliments blancs ? C'est possible. Philippe Raison et Anne-Marie Bahier y parviennent avec leurs 800 lapines à Sens-de-Bretagne et Montreuil (Ille-et-Vilaine). « Il ne s'agit pas de décréter du jour au lendemain qu'on ne veut plus d'aliments médicamenteux, prévient Philippe Raison. Ni de dire que l'on ne va pas soigner les animaux quand ils sont malades. Si besoin, le vétérinaire prescrira des antibiotiques et nous traiterons ! » Bilan : les dépenses de santé atteignent 3 centimes par kilo vif face à une moyenne nationale de 8,3 centimes, préventif et curatif confondus. La marge sur coût alimentaire est de 124 € par femelle et par an, contre 116 € au niveau national. Tout cela avec 15,22 kg vendu par IA en 2011, 16,05 kg sur les quatre premières bandes de 2012, quand la moyenne hexagonale est de 15,1 kg.

L'ENTÉROCOLITE, LE POINT DE DÉPART

Depuis la crise sanitaire de l'entérocolite en 1998, la filière a pris conscience de l'importance de revoir en profondeur les pratiques d'élevage. « La première étape, c'est l'équipement, affirme Philippe Raison. Et notamment une ventilation maîtrisée et adaptée au poids des animaux. » Il y a aussi les pratiques de nettoyage et de désinfection, l'organisation des salles en bande unique, le sas à l'entrée de chaque bâtiment, le bac d'équarrissage à l'extérieur du site…, sans oublier l'analyse annuelle de l'eau de boisson et sa chloration systématique. Ou encore la diffusion continue de la radio pour réduire les sources de stress.

« Nous avons perfectionné nos conditions d'élevage au fur et à mesure, poursuit-il. Le bien-être des lapins contribue évidemment à la maîtrise sanitaire. Nous mesurons beaucoup aussi. Je pèse douze cages par salle tous les lundis. Je suis ainsi la croissance et détecte toute dérive, dans un sens comme dans l'autre. Des lapins qui grossissent trop vite sont plus fragiles. » La maîtrise de la consommation est capitale durant l'engraissement. L'aliment est pesé à chaque distribution, grâce à un chariot semi-automatique. « Nous n'avons pas voulu une alimentation automatique. Certes, j'avais besoin de trouver une solution à mon problème récurrent de tendinite mais je voulais profiter de la distribution pour observer chaque cage. »

TESTER AVANT D'ADOPTER

Philippe et Anne-Marie ont choisi un plan d'alimentation en deux phases. « Dans les gammes d'aliments, nous ne prenons pas forcément le plus riche mais le mieux adapté à nos animaux. Mon indicateur, c'est de vendre 10,5 tonnes toutes les six semaines. » Philippe et Anne-Marie ont également testé puis adopté un complément nutritionnel avec des vitamines, des minéraux et des oligo-éléments pour les lapines, une semaine avant la mise bas.

« Nous avons essayé plusieurs types d'huiles essentielles. Nous en utilisons de façon régulière à visée digestive dans l'aliment d'engraissement. La surveillance est capitale : dès que ça mouche un peu, nous pulvérisons des extraits de plantes. Cela n'empêche pas tout mais contribue à une moindre utilisation de médicaments. »