« Grâce à la vidange des préfosses en engraissement, j'ai économisé 20 000 dès la première année », se réjouit Pierre Le Dreff, naisseur-engraisseur à la tête de 98 truies et 45 vaches laitières à Ploudalmézeau, dans le Finistère, et adhérent de la coopérative Triskalia. La mortalité a chuté de moitié. Elle atteignait 8,8 % entre 8 et 115 kg. « Chaque matin, j'appréhendais de rentrer dans les salles », se rappelle-t-il. Les pathologies étaient nombreuses : aussi bien digestives que respiratoires. Les pertes sont tombées à 4,2 % et les croissances ont bondi de 200 g/jour. « La durée d'engraissement a baissé de dix à quinze jours, ajoute Pierre. L'atmosphère est plus saine. Les maladies n'ont pas disparu mais elles s'expriment beaucoup moins qu'avant. »
C'est à cause d'un défaut de construction que Pierre s'est lancé la première fois dans ce nettoyage. « Le lisier stagnait dans les fosses », se souvient-il. Les pentes du fond n'étaient pas suffisantes. Des dépôts de sable dans la canalisation de transfert empêchaient aussi les déjections de s'écouler. « Je ne croyais pas que la vidange pouvait avoir un tel impact sur les performances et la santé des porcs, ajoute-t-il. Les résultats ont explosé dès la première bande. »
S'il avait su, Pierre aurait certainement débuté la vidange plus tôt car, hormis la première fois, elle n'est pas très contraignante. « Elle nécessite toutefois l'usage d'un masque à assistance respiratoire et d'un ventilateur, explique Pierre, qui n'intervient jamais seul. Au final, l'opération ne prend que 3 heures par salle, deux fois par an
En plus de la baisse de la mortalité, les frais sanitaires ont dégringolé. Les dépenses antibiotiques sont tombées à 0,94 €/100 kg de carcasse, alors qu'elles atteignaient 4,92 €/100 kg. Au total, les dépenses de santé représentent maintenant 5,29 €/100 kg, contre 10,09 €/100 kg avant l'intervention dans les fosses. Pour les 190 000 kg produits par an, cela représente une économie de 9 120 €.
NOUVELLE CONDUITE ALIMENTAIRE
« En raison des pathologies présentes et en concertation avec la vétérinaire de la coopérative, Nathalie Pérez, tous les aliments en postsevrage étaient supplémentés avec des antibiotiques, explique-t-il. Parfois cela ne suffisait pas, je devais utiliser la pompe doseuse ou individualiser les soins sur les animaux les plus malades. Aujourd'hui, je n'ai plus qu'un aliment supplémenté en postsevrage. J'ai abandonné le plus coûteux. » Chaque année, Pierre analyse aussi plus finement ses dépenses de santé avec la vétérinaire. « La démarche est un bon thermomètre pour l'élevage », assure-t-il. C'est aussi l'occasion de réfléchir au programme vaccinal. « Je conserve toujours un planning assez complexe pour les truies. Il vise entre autres à prévenir les diarrhées ou les mycoplasmes. Il est élaboré en fonction des pathologies constatées et de celles en recrudescence dans les élevages alentours. »
Autre évolution qui a influencé les résultats, celle de l'alimentation en postsevrage. Les porcelets ne reçoivent plus l'aliment à volonté. Ils mangent moins et sortent à 29 kg, au lieu de 38 kg. « Le but est de contrôler la croissance au départ, explique Pierre. Comme lorsque l'on conduit une voiture de course, le postsevrage est considéré comme un tour de chauffe. On ne le lance à vive allure que lorsqu'il est chaud au début de l'engraissement. »
Finalement, la croissance moyenne entre 30 et 115 kg est passée de 818 g/j à 1 003 g/j entre 2009 et 2011 et l'indice de consommation a chuté de 0,12 (2,53 à 2,41). Selon les résultats de l'Ifip pour la région Bretagne en 2011, 0,1 point d'indice global gagné correspond à 70 € de marge en plus par truie. Ce qui, pour les cent truies de Pierre, représente 8 400 €. Des chiffres qui l'incitent à vidanger toutes les fosses en postsevrage et en maternité. « Dès que j'aurai terminé les travaux de mises aux normes bienêtre », conclut Pierre.