En temps normal, 18 salariés permanents travaillent chez Anjou Plants. Mais, en été, le site ressemble à une fourmilière. Renforcé par des saisonniers, l'effectif grimpe à 115 personnes. « C'est une grosse période de récolte, de tri et de repiquage des stolons », précise Eugène Floc'h, président du directoire de la coopérative, spécialisée dans la production de plants de fraisiers. Elle en produit 12 millions par an : du plant frais racines nues jusqu'au tray-plant (ou plant sur plateau), en passant par le plant-frigo et le plant-motte.
Autant dire que l'activité d'Anjou Plants est au coeur du végétal spécialisé. Pourtant, la coopérative doit son existence à des éleveurs laitiers et allaitants. Douze précisément, tous installés à l'est du Maine-et-Loire, dans le canton de Longué-Jumelles. Un secteur dont les terres sableuses conviennent bien au travail de multiplication. « Dans les années quatre-vingt-dix, nous travaillions pour un pépiniériste installé à 15 km d'ici. Nous mettions 30 ha de terres irriguées à sa disposition. » Les contrats de sous-traitance sont assortis d'une rémunération de 3 000 €/ha d'autant plus intéressante que toutes les interventions sur les pieds mères, y compris le conditionnement des plants, sont réalisées par les salariés du pépiniériste.
En 2000, la machine se grippe. L'entreprise est en difficulté. Incapable de payer les agriculteurs, elle leur doit 90 000 €. Sa fermeture signifie la perte immédiate de contrats et l'arrêt de la production de plants. « Le seul moyen de recouvrir notre créance était de reprendre l'activité. » En mars 2001, les agriculteurs transforment cette somme en capital et créent la coopérative Anjou Plants. Habitués à travailler en groupe, ils voient surtout l'intérêt fiscal de la forme coopérative. « Ce statut nous permettait d'investir », souligne Eugène Floc'h. Les associés reprennent aussi cinq des six salariés et avec eux un savoir-faire qu'ils n'ont pas. Quatre d'entre eux deviennent associés non-coopérateurs. Chacun a apporté 3 000 €.
DES SALARIÉS IMPLIQUÉS
Il y a trois ans, les associés transfèrent toute l'activité à Longué-Jumelles. « Nous voulions être plus près des exploitations », justifie Eugène. Le nouveau site s'étend sur 13 ha, dont 3,5 ha de tunnels plastique et 5,5 ha d'aires de cultures. Il représente un investissement de 2,2 millions d'euros. La même année, la coopérative, qui développe déjà plusieurs variétés gustatives du Ciref (1), devient multiplicateur exclusif pour la France de trois variétés californiennes : une fierté et une nouvelle étape commerciale. « Ce sont de grosses variétés qui voyagent bien », explique Eugène.
Dix ans après sa création, Anjou Plants reste l'unique producteur de plants de fraisiers du Maine-et-Loire. Les arrivées ayant compensé les départs, le nombre d'associés-coopérateurs n'a pas varié. En revanche, les surfaces de pépinières ont augmenté. « Après être descendus à 28 ha, nous sommes aujourd'hui à 33 ha. »
(1) Centre interrégional de recherche et d'expérimentation de la fraise.