« Tout a commencé au début des années 2000, au moment où le bio connaissait un nouvel engouement, se souvient François Mellon, agriculteur à Villotran, au sud de Beauvais (Oise), et vice-président de la coopérative Abio. Nous étions plusieurs agriculteurs, aidés par les CTE (1) à l'époque, à vouloir nous convertir au bio sans trop savoir comment valoriser notre production. » La vingtaine de céréaliers picards concernés s'est rapidement tournée vers Agnès Champault, agricultrice à Eve, qui était déjà productrice bio depuis quelques années et qui deviendra présidente d'Abio.
DU TEMPS ET DE L'ÉNERGIE
Les coopératives céréalières classiques de la région n'étaient pas très chaudes il y a dix ans, pour ajouter le bio à leur activité. « Après plusieurs mois de rencontres et de réflexion, nous avons décidé de créer notre propre coopérative, afin de regrouper notre offre et commercialiser ensemble notre production », précise François Mellon. C'est ainsi qu'est née, en 2003, la coopérative Abio, avec le soutien financier du conseil régional et l'Association des producteurs Bio de Picardie. Le souhait de ses responsables est alors de se débrouiller avec les compétences de ses adhérents et les disponibilités en stockage présentes sur leurs exploitations, pour faire fonctionner la coopérative au coût le plus bas possible. La commercialisation et la comptabilité sont confiées, à temps partiel, à l'un des agriculteurs. Les adhérents optent pour le prix moyen pour la vente de tous leurs produits et pour la mutualisation des frais de stockage et de transport. Ils font également le choix de s'associer à la coopérative bio du Nord, Norabio, pour les approvisionnements en engrais et en semences.
« Depuis, la coopérative s'est développée et compte aujourd'hui trente adhérents, pour une collecte d'environ 2 200 tonnes, indique son vice-président. Elle collecte une quinzaine d'espèces différentes, du blé meunier à l'épeautre, en passant par les lentilles vertes, l'orge fourragère, le maïs ou les féveroles... Globalement, tout ce qui peut se récolter à la moissonneuse-batteuse. Nous avons en outre tissé un réseau de clients assez diversifié en alimentation humaine et animale », se félicite le céréalier.
Abio dispose d'une capacité de stockage de 5 000 tonnes, d'un séchoir mobile et de quatre trieurs.
« Le fait d'être une petite structure a toujours favorisé les échanges et l'émulation entre nous, ce qui est très positif », constate François Mellon. Même s'il reconnaît que la création de toutes pièces d'une nouvelle coopérative est extrêmement prenante et gourmande en temps.
(1) Contrat territorial d'exploitation.