Les panneaux « nouveautés » fleurissent sur les stands des fabricants de matériels de travail du sol et de semis depuis deux ans. Bien souvent, il s'agit seulement d'annoncer l'arrivée d'une nouvelle largeur de travail typiquement française : 3,50 m. Cette dimension baroque est née de la réglementation routière entrée en vigueur en 2006, qui permet de rouler sur la voie publique sans véhicule d'accompagnement ni plaque « convoi agricole » tant que la largeur de l'attelage est inférieure à 3,50 m. Tout en condamnant l'utilisation des châssis fixes de 4 m, cette nouvelle réglementation a ouvert un marché pour les matériels de 3,50 m. Ces derniers permettent plus de rendement qu'en 3 m, tout en affichant un coût inférieur aux engins de 4 m à châssis repliable.
C'est donc tout naturellement que les constructeurs se sont engagés dans la brêche et déclinent désormais la plupart de leurs outils de travail du sol et semoir en version 3,50 m à châssis fixe. Cependant, passer de 3 à 3,50 m (voire de 4 m fixe à 3,50 m) n'est pas sans conséquences techniques sur le chantier de semis ou de déchaumage.
SEPT POINTS À ANTICIPER
Une spécificité française. La France est le seul pays utilisant des largeurs de travail de 3,50 m. Dans les pays frontaliers, la largeur autorisée n'est que de 3 m, avec une conséquence directe : le marché de l'occasion en 3,5 m est inexistant en dehors de l'Hexagone.
Gains de rendement et pertes de temps. En déchaumage, le passage de 3 à 3,5 m fait gagner autour de 0,3 ha/h avec un modèle à dents, un peu plus avec des disques et 0,1 ha/h avec un combiné de semis. En revanche, il faudra prévoir une perte de temps en fin de chantier pour remettre la machine au gabarit routier (replage des disques de bordure, mise en place des panneaux de gabarit amovibles...).
La conception. Certains constructeurs développent des châssis spécifiques pour 3,50 m mais la plupart se contentent de boulonner des éléments supplémentaires (disques ou dents) sur des châssis de 3 m, ajoutant une contrainte mécanique supplémentaire sur le bâti.
Le tracteur. Passer de 3 à 3,50 m en conservant le même tracteur est tout à fait possible avec un outil peu tirant (déchaumeur à disques, vibroculteur) mais devient problématique avec un outil à dents. Au-delà du seul besoin de puissance, c'est la capacité de relevage du tracteur qui devient limitante. Ainsi, un déchaumeur à dents de 3,50 m pèse environ 200 kg de plus que la version 3 m mais l'élargissement du rouleau augmente le porte-à-faux. Sur ces outils parfois plus longs que larges, un 150 ch, même lesté correctement, peine à décoller un déchaumeur à 3 rangées de dents renforcées au carbure. Les doubles rouleaux barrecage posent aussi problème.
La conduite. 3,50 mètres est une largeur que les chauffeurs n'ont pas « dans l'oeil ». Du coup, les recoupements sur quelques centimètres et les chandelles sont fréquentes pendant les premiers hectares. Sur la route, cette largeur est parfois limite pour traverser les villages. De plus, l'outil franchit la bande blanche centrale dans certaines situations. Enfin, le déport latéral est plus important qu'en 3 m et peut surprendre un novice.
L'entretien. Plus d'éléments signifie aussi plus de paliers et de pivots à graisser pour le 3,5 m.
Compatibilité avec le pulvérisateur. Les semoirs de 3,5 m sont compatibles avec les rampes de 28 m puisqu'ils correspondent à huit passages.