En semis direct depuis 2004, Olivier Vallar, agriculteur à Rugney dans les Vosges, rencontrait des problèmes de levée pour ses cultures de printemps.

 

« J'ai donc souhaité passer à la méthode strip-till pour réchauffer le sol et émietter le lit de semences, afin de sécuriser mes implantations », explique-t-il.

« Cependant, les machines présentes sur le marché ne me convenaient pas. Je ne voulais pas d'appareils portés et la configuration des modèles semi-portés ne répondait pas à mes attentes. »

Un châssis de distributeur d'engrais

« Je souhaitais avoir une visibilité totale sur les éléments en terre. La cuve pour la fertilisation devait donc prendre place à l'arrière de la machine », précise l'agriculteur. La trémie et le châssis qui a servi de base proviennent d'un distributeur d'engrais Nodet type DTP.

« Avec mon ami Pierre Pariset, nous avons commencé par déposer les rampes du Nodet. Puis nous avons conçu un bâti pour supporter les éléments de strip-till. Au départ fixe, ce bâti est devenu repliable en deux parties », continue Olivier.

Sa mise en place a entraîné l'allongement de la flèche d'attelage. Au bout de cette dernière, les deux amis ont fabriqué un attelage pivotant à partir d'une tête de charrue Huard.

D'autres modifications sont intervenues au niveau du châssis. L'essieu a été retourné pour gagner en garde au sol, jumelé pour plus de stabilité « et éviter les risques de compactions qui vont à l'encontre de cette pratique culturale », ajoute l'exploitant. Enfin, un relevage arrière a été installé.

Les six éléments travaillant sont d'origine Strip Cat. « Il s'agit d'éléments standards positionnés tous les 75 cm. A terme, une deuxième poutre de cinq éléments devrait prendre place sur le relevage arrière. Je pourrai ainsi passer à volonté d'un interrang de 75 cm à un de 37,5 cm plus approprié au tournesol », complète Olivier.

L'agriculteur réfléchit également à l'installation de sécurités non-stop hydrauliques et à l'emploi d'un autre système de rappui pour travailler dans les argiles.

 

 

 

Fertilisation. Le strip-tiller est conçu pour réaliser une fertilisation localisée. Le dosage, la distribution et le transport de l'engrais sont assurés par le circuit d'origine du distributeur Nodet. Seuls des cyclones de décompression ont été ajoutés avant les dents.

Attelage. Un attelage pivotant a été fabriqué à partir d'une tête de charrue Huard.

Fertilisation localisée

Le strip-tiller d'Olivier Vallar est conçu pour incorporer de l'engrais dans les bandes travaillées. La trémie possède une capacité de 6 tonnes. « Cependant, je la charge seulement à 2 t au maximum. Avec une dose d'apport de 150 kg/ha, cela me donne déjà suffisamment d'autonomie », précise-t-il.

Le dosage, la distribution et le transport de l'engrais sont assurés par le circuit d'origine du distributeur Nodet. Seuls des cyclones de décompression ont été ajoutés avant les dents pour que la mise en terre se face gravitairement.

Cela évite les effets de rebonds et améliore la localisation de l'apport. « C'est d'autant plus vrai que la vitesse de travail est de 10-11 km/h », souligne l'agriculteur. 

À la vue des levées de ses cultures de printemps, Olivier Vallar s'estime satisfait d'être passé à la technique strip-till. Pour y arriver, la construction de son appareil aura demandé un mois de travail.

 

 

 

Résultats. Cette année Olivier Vallar a semé en strip-till du maïs (photo de gauche) et du tournesol (photo de droite). L'implantation s'est faite dans un couvert qui a été détruit au glyphosate après le semis. Dans les deux cas, la levée est régulière. Les photos ont été prises le 28 mai 2012. Le maïs était au stade des 3-4 feuilles et le tournesol au stade B3-B4/4 feuilles.

Raisonner comme pour le labour

« Je raisonne l'utilisation de mon strip-tiller de la même manière que se raisonne le labour. Dans le cas de taux d'argile élevés (au-delà de 30-40 % d'argile), je pratique un passage automnal sans fertiliser suivi d'un passage au printemps, cette fois-ci avec la fertilisation, un mois avant le semis. Au contraire, en limon et sable, un passage unique 15 jours avant le semis s'avère suffisant », explique Olivier. Notons que pour repasser dans la même trace lors des différents passages, l'agriculteur utilise un simple repère visuel sur le tracteur.Cette année, il a implanté 90 ha de tournesol et de maïs suivant le premier itinéraire décrit plus haut. La première campagne, 40 ha de maïs avaient été semés en strip-till. L'appareil suscite l'intérêt et la curiosité chez les clients de l'ETA d'Olivier Vallar. Cette année, il a réalisé à leur demande des bandes témoins chez bon nombre d'entre eux. L'utilisation du strip-tiller pourrait donc à terme se développer.