Magrionitrice de ski de fond l'hiver et agricultrice en maraîchage, petits fruits et plantes aromatiques le reste de l'année. Dès son installation en 2009, Gaëlle Bonnary a deux emplois. « J'ai choisi l'agriculture car je voulais être mon propre chef et travailler à l'extérieur. » Libre et proche de la nature, elle l'est aussi avec son autre métier qu'elle exerce de façon indépendante à l'Ecole de ski français. A 1 000 m d'altitude, dans le parc du Vercors, la double activité est répandue. Elle est surtout liée à l'élevage. « Je ne voulais pas que mes deux emplois se chevauchent, explique-t-elle. L'hiver, mes collègues moniteurs et éleveurs doivent jongler entre leur troupeau et les cours. »

RETOUR AUX ÉTUDES

A l'époque, Gaëlle n'a pas de diplôme agricole ni d'exploitation familiale. Accompagnatrice en moyenne montagne puis éducatrice à l'environnement à la naissance de ses enfants, la jeune femme reprend une année d'étude et obtient un BPREA (1) à 35 ans. Son projet, produire des petits fruits et élever des poules pondeuses en bio. « Je craignais de ne pas trouver de terres, se souvient-elle. Les difficultés n'ont pas été là où je les attendais. »

En 2008, elle loue par connaissance 0,75 ha à Méaudre (Isère). L'année suivante, elle achète à la Safer 4 ha à Autrans, à 6 km, et s'installe. Entre temps, elle a obtenu l'accord verbal de la mairie pour construire un bâtiment pour les volailles. Une fois dans les lieux, l'autorisation est refusée, sans motif apparent. Le projet poules pondeuses dont elle pensait tirer la moitié de ses revenus s'envole. Elle se tourne vers le maraîchage et les plantes aromatiques. Sans matériel et en altitude, les conditions sont difficiles.

Gaëlle tient bon. Elle écoule facilement ses produits sur des marchés locaux et dans une épicerie du terroir. L'an dernier, les petits fruits ont enfin commencé à produire. Gaëlle envisage la fabrication de sirops, confitures et autres soupes pour réduire la surface en légumes. Et son second métier lui apporte la sécurité financière. Mais comme elle s'est installée avec le statut de chef d'exploitation à titre principal pour obtenir une dotation jeune agriculteur (DJA), ses revenus agricoles doivent être supérieurs à ceux de monitrice de ski. « L'équilibre est très difficile car je suis partie de zéro et j'ai dû abandonner mon projet d'élevage, reconnaît-elle. Si c'était à refaire, je m'installerais sans aide avec le statut de cotisant solidaire. Je commencerais avec une activité plus petite que je développerais au cours du temps. »

Autre difficulté pour Gaëlle : le regard de ses pairs. « J'ai de bonnes relations avec les éleveurs moniteurs de ski, se réjouit-elle. On se rend mutuellement service. Mais les autres ne me considèrent pas comme une agricultrice. »

(1) Brevet professionnel responsable d'exploitation agricole.