Malgré une image de formation marginale encore tenace, l'apprentissage se porte bien : selon trois études conjointes (1), plus de 19 200 contrats ont été signés en 2010, soit une augmentation de 1,3 % par an en moyenne depuis 2005. Un succès grandissant que l'on retrouve essentiellement en polyculture- élevage et en grandes cultures (60 % des contrats signés).
Le Centre de formation des apprentis (CFA) de Lozère, à Marvejols, suit la tendance : il accueille cette année 110 apprentis en formation liée à l'élevage, l'apiculture, la vente de produits fermiers... Ils n'étaient que 80 en 2009. « L'objectif de nos jeunes est surtout l'installation, note Elodie Bonnet, en charge des apprentis à Marvejols. Environ 25 % d'entre eux visent la reprise de l'exploitation familiale. Les autres ne sont pas issus du monde agricole et ont encore plus besoin d'accompagnement technique. L'apprentissage est pour eux un tremplin ! »
PAS D'APPRENTISSAGE SANS MAÎTRE
Le contrat d'apprentissage est conclu entre un professionnel et un jeune âgé entre 16 et 25 ans, pour une durée d'un à trois ans. Il permet à l'apprenti de vivre une expérience en entreprise, en alternance avec une formation théorique, au centre de formation. Il bénéficie des mêmes droits que les autres salariés (acquisition de congés…) et est rémunéré durant toute sa formation par son employeur (voir le tableau). En acceptant de devenir maître d'apprentissage, ce dernier s'engage à lui assurer une formation professionnelle complète, en collaboration avec son CFA (ou une structure assimilée).
« Trouver une entreprise d'accueil est la condition sine qua non pour s'inscrire en CFA », insiste Elodie Bonnet. Au jeune de s'impliquer et de faire les démarches nécessaires, comme pour une recherche d'emploi classique : appeler les entreprises qui l'intéressent, les visiter, s'intéresser à l'exploitation… En principe, le contrat d'apprentissage doit être signé au plus tard trois mois après le début des cours. La loi pour le développement de l'alternance du 28 juillet 2011 autorise toutefois les jeunes n'ayant pas trouvé d'employeur à cette date à poursuivre leur formation pendant un an, sans rémunération.
A Igny, dans l'Essonne, le CFA du lycée Saint-Nicolas a mis en place un système particulier : « Nous avons fait le choix de ne débuter l'alternance qu'à partir de la première professionnelle, et non de la seconde, pendant deux ans jusqu'au bac pro, explique François Loizon, son directeur. Ce système laisse le temps aux jeunes de trouver des maîtres d'apprentissage, et surtout de gagner en connaissance et en maturité avant de se lancer chez eux. »
INCITER LES EMPLOYEURS
« Pour devenir maître d'apprentissage, il faut aimer son métier et aimer en parler », résume Elodie Bonnet. Il faut aussi accepter de prendre sur son temps pour s'occuper d'un jeune – voire très jeune – sans expérience. En outre, « la mauvaise réputation des élèves en apprentissage peut parfois freiner les employeurs, confie François Loizon. C'est pourtant une formation exigeante qui impose aux jeunes d'être autonomes et d'avoir le sens des responsabilités. »
En contrepartie de l'effort de formation, l'employeur a droit à un crédit d'impôt de la part de l'Etat (1 600 euros par an et par apprenti embauché, 2 200 euros pour les apprentis reconnus « travailleurs handicapés »), d'une exonération de charges salariales et patronales ainsi que d'aides régionales variant entre 1 000 et 2 000 euros, selon les régions. Des coups de pouce nécessaires pour inciter les professionnels à franchir le pas car, trouver des entreprises d'accueil peut s'avérer difficile. « Surtout en temps de crise », précise Elodie Bonnet, qui se souvient qu'en Lozère, l'année dernière, « les exploitants ont préféré acheter du fourrage pour faire face à la sécheresse que d'embaucher ». Pour garantir le bon fonctionnement du système, les CFA doivent entretenir autour d'eux un réseau de professionnels volontaires. En Lozère, cela se fait par l'organisation d'un « Petit déjeuner de l'apprentissage » au mois d'avril, qui réunit tous les acteurs locaux. « L'apprentissage est l'occasion de sensibiliser le monde agricole au renouvellement des générations. Surtout en élevage, qui nécessite des personnes qualifiées et donc, une formation solide », assure Elodie Bonnet. Autre système prisé : le partenariat avec un groupement d'employeurs, qui simplifie les tâches administratives du maître d'apprentissage et offre à l'apprenti la possibilité de multiplier les expériences. Depuis la loi de juillet 2011, les entreprises de travail temporaire ont elles aussi la possibilité de conclure des contrats d'apprentissage. n
(1) Etudes CCMSA 2004-2010, FNSEA/Ifop 2011 et GPE.