Avec plus de 1,6 agneau produit par brebis, François Goudot a battu son record en 2011, avec ses 310 brebis île-de-France. « Depuis mon installation en 1995, j'ai toujours essayé d'améliorer les résultats technico-économiques de mon élevage », explique-t-il. Aucun atelier n'est négligé sur l'exploitation, située à Hénaménil, en Meurthe-et-Moselle. La production principale reste tournée vers les cultures, avec 260 ha de céréales. Les 15 ha d'herbe qui complètent la SAU sont consacrés aux brebis.
SE FIXER DES OBJECTIFS
« C'est le niveau de performances techniques qui garantit le résultat et le revenu, explique Laurent Keller, conseiller à la chambre d'agriculture de Meurthe-et-Moselle. L'objectif à atteindre se situe autour de 1,3 agneau produit par brebis et par an pour notre département. Il assure une productivité pondérale d'environ 25 kg de carcasse par brebis et par an. » Ces chiffres restent à considérer en fonction des contraintes de l'exploitation et du potentiel de la troupe. Pour François, les résultats sont proches de l'optimum.
UNE ORGANISATION SIMPLE
L'année dernière, François avait atteint un niveau record pour ce critère, avec 1,91 agneau né par brebis. Cela suppose une bonne conduite générale, avec en premier lieu la maîtrise de la reproduction et de l'alimentation. « J'ai organisé la production du troupeau le plus simplement possible, explique François. Les brebis sont conduites en système « un agnelage par an » afin que les périodes de mise bas ne se chevauchent pas avec celles des travaux de cultures. »
Les luttes se déroulent à partir du 15 mai. L'herbe de la saison procure un bon flushing pour les brebis. « En 2011, j'ai aussi posé des implants de mélatonine, ajoute François. Mon but était surtout de regrouper les mises bas car elles étaient trop étalées en 2010. » Les douze béliers sont retirés du lot unique des brebis vers la mi-juillet afin d'éviter les mises bas pendant les fêtes de fin d'année. Huit d'entre eux reviennent un mois plus tard pour les repasses. Les quatre autres rejoignent les 60 agnelles.
PRÉPARATION À L'AGNELAGE
La préparation à l'agnelage commence trois semaines à un mois avant la mise bas, dès la mi-septembre. Les brebis sont rentrées en bergerie où elles sont tondues. Petit à petit, la ration à base de concentrés est augmentée de 1 à 1,8 kg par brebis par jour. La paille reste à volonté. Les concentrés sont constitués d'orge produite sur l'exploitation pour 50 % et d'un aliment du commerce riche en protéines pour le reste. « J'applique le protocole de transition que m'a transmis mon fournisseur d'aliment, explique François. Une année, j'ai commis une petite erreur dans le dosage. La sanction a été immédiate. A la mise bas, les brebis n'avaient pas assez de lait. Il a fallu en élever beaucoup plus à la louve. »
Selon les tables Inra 2007, au cours des trois dernières semaines avant la mise bas, les besoins quotidiens d'une brebis de 70 kg de poids vif, qui ont une prolificité moyenne supérieure à 150 %, sont de 1,37 UFL et 150 g de PDI. « En fin de gestation, la ration type de ce genre de système est composée de 0,8 kg de luzerne déshydratée à 23 % de MAT, 0,6 kg de blé avec de la paille à volonté, explique Laurent Keller. Sans oublier 25 g de minéraux 13-10 par jour. »
Vérifier que les apports sont suffisants n'est jamais une perte de temps. « L'argent que l'on dépense pour bien alimenter ses brebis, c'est de l'argent que l'on récupère largement sur le nombre d'agneaux produits », estime François. Avec une bonne ration, les agneaux sont suffisamment lourds à la naissance. Ils ont d'autant plus de chance d'être vigoureux. « Les brebis produisent aussi un colostrum de qualité et en quantité suffisante », ajoute Laurent Keller.
ACHAT DE BÉLIERS INSCRITS
Après l'agnelage, les brebis reçoivent 2 kg de concentrés. Comme la plupart sont suitées de deux agneaux, la ration est la même pour toutes. Celle-ci est distribuée en deux fois grâce à un distributeur automatique programmable. Grâce à cet équipement, le travail d'astreinte est allégé, ce qui laisse plus de temps pour la surveillance et le suivi des agneaux à l'agnelage. Des conditions favorables pour diminuer le taux de mortalité. « Mon objectif est de rester en dessous de 10 %, précise François. Mais plus la prolificité est importante, plus il est difficile de tenir le cap. » Le défi est relevé presque tous les ans. « Sauf en 2005, où plus de 80 % de mes agnelles avaient avorté, victimes de la chlamydiose », poursuit-il. Depuis, les jeunes reproductrices sont vaccinées. Le taux a retrouvé le niveau souhaité. En 2012, François a dû faire face un autre problème. Le virus de Schmallenberg est venu jouer les troubles-fêtes. Les comptes ne sont pas arrêtés mais cette année ne sera pas le meilleur cru pour ce critère.
Afin de réduire l'impact de ces impondérables, François sélectionne les animaux depuis quinze ans. « J'ai pratiqué le contrôle de performance pendant longtemps, ce qui m'a permis de détecter les meilleures laitières », indique-t-il. L'achat de béliers inscrits a aussi favorisé la production d'agnelles de qualité. « Là aussi, je suis attentif au potentiel de production laitière des mâles que j'achète », assure-t-il. L'index de prolificité arrive juste derrière dans l'ordre d'importance des index.
Le tri des agnelles de renouvellement s'effectue 80 jours après la naissance. « Je choisis en priorité celles qui sont issues des portées de « doubles » et celles qui ont les meilleurs résultats de croissance », insiste-t-il. Dans le même temps, les brebis trop vieilles et qui manquent d'état sont réformées. « Celles qui sortent trop grasses après le sevrage alors qu'elles n'ont élevé qu'un petit agneau prennent aussi la direction de l'abattoir, ajoute-t-il. Elles valorisent mal la ration que je leur distribue. » Les problèmes de mammites au cours de l'allaitement sont aussi une cause essentielle de réforme.
Grâce à la sélection et à la conduite technique rigoureuse, François a aussi produit 31,5 kg d'agneau par brebis en 2011, un record qu'il entend bien maintenir !