Après la région parisienne, les Pays de la Loire sont le territoire où l'espace agricole a été le plus grignoté entre 2000 et 2010. Dans ce contexte, la profession agricole a rapidement adopté une posture restrictive face au photovoltaïque. En décembre 2009, dans le cadre d'une motion régionale, les chambres d'agriculture demandent à être systématiquement consultées pour tout projet soumis à déclaration ou autorisation. Elles font également valoir que les projets ne doivent être autorisés que sur des terres ayant perdu leur vocation agricole. « Le photovoltaïque au sol est un business et l'agriculture n'a rien à y faire », résume Dominique Bordeau, élu régional en charge des dossiers énergies.
SUR UNE CHAMPIGNONNIÈRE
Le maire de Distré (Maine-et-Loire) pourrait partager cet avis. Il y a quatre ans, les propriétaires de cette commune du saumurois proche d'un poste ERDF de redistribution sont démarchés par une société finistérienne. Sous l'effet de la surenchère, les prix grimpent jusqu'à 2 500 €/ha. « C'était avant le Grenelle de l'environnement. Nous avions beau ne pas être d'accord, je n'avais pas les moyens juridiques ou réglementaires de m'y opposer », précise Eric Touron. L'élu propose alors à Quénéa d'acquérir 4 ha de friches industrielles bétonnées dans un ensemble de 16 ha acquis par la commune après la fermeture du site France champignon. Associée à la Caisse des dépôts, Quénéa achète le terrain en 2010. La centrale est mise en route en juillet 2011. Elle produit 2,2 MkWh. « Mis à part un peu de taxe foncière et la satisfaction d'avoir réhabilité un site fermé depuis 2004 sur lequel nous avions des problèmes de vandalisme, il n'y a aucune retombée pour la commune. L'Ifer (Imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux) est perçue par la communauté d'agglomération », précise Eric Touron.
LES PROFESSIONNELS SOLLICITÉS TRÈS EN AMONT
Depuis 2009, la chambre d'agriculture du Maine-et-Loire a rendu une dizaine d'avis sur des dossiers qui impactaient des terres agricoles. « Il y a eu un seul avis favorable pour des terres de très mauvaises landes dans le Segréen », précise Jacques Jaulin. Responsable du département « aménagement », il observe une évolution chez les porteurs de projets. « Notre position étant connue, les cabinets d'études nous sollicitent très en amont, avant même de prospecter. Conjuguée à la baisse des tarifs, elle concourt par ailleurs à un net ralentissement du flux de dossiers. »