Le photovoltaïque devra assurer une production de 5 400 mégawatts en 2020. Au sol, cela représenterait la consommation de 20 000 ha. Compte tenu de la réglementation qui dit privilégier l'installation de panneaux sur les toits et les terres déclassées, ce sont 5 400 ha de foncier agricole qui seraient concernés.

POINTS FAVORABLES

Joël Vormus, du CLER (Comité de liaison des énergies renouvelables), est l'auteur d'un ouvrage sur les parcs solaires au sol destinés en particulier aux collectivités territoriales : « Les parcelles concernées par le photovoltaïque au sol sont en priorité des terrains à faible valeur environnementale ou (et) agricole : les décharges, les friches industrielles, les terrains militaires, les délaissés. Mais attention : dans notre guide d'évaluation des projets, l'aspect agricole n'est qu'un point parmi onze autres. N'oublions pas que le photovoltaïque est peu consommateur d'espace pour beaucoup d'énergie produite. Il soutient largement la comparaison avec les agrocarburants, par exemple, qui utilisent plus de 800 000 ha. Enfin, on peut favoriser la multifonctionnalité, faire du photovoltaïque et de l'élevage de moutons, de volaille, installer des ruches. Cela se fait en Allemagne. »

LA PROFESSION DOUTE

Didier Marteau, président de la chambre d'agriculture de l'Aube et de la commission environnement et biodiversité à l'APCA (Assemblée permanente de la chambre d'agriculture), est lui-même producteur d'énergie sur les toits de ses bâtiments : « Il faut à tout prix préserver les terres agricoles. Les installations sur bâtiments sont largement sous-exploitées. Et les innovations technologiques vont encore faire progresser les résultats. Les parcelles à vocation agricole devraient être exclues des parcs. Car cela débordera inévitablement sur l'espace agricole et surtout dans les endroits où la pression foncière est déjà folle. »

Cela débordera pour des questions de rentabilité. Coincés entre la baisse des prix de rachat de l'électricité depuis un an et les nouveaux appels d'offres au « moins-disant », les opérateurs vont vouloir agrandir leurs surfaces au sol. Déjà, les installations de puissance supérieure à 100 kW qui fournissaient 37 % des puissances raccordées fin 2010 atteignent 54 % neuf mois plus tard. Elles sont de plus en plus nombreuses au Sud. De leur côté, les collectivités territoriales, désireuses de développer l'autonomie énergétique de leur territoire, sont aussi tentées par les rentrées fiscales attachées aux fermes photovoltaïques. Quant aux propriétaires de terrains, ils y voient un revenu assuré pendant vingt ans. Didier Marteau maintient : « A qui vont profiter les futurs investissements : aux agriculteurs ou aux capitaux extérieurs ? Nous ne sommes pas contre le photovoltaïque mais pas n'importe où. Je suis prêt à m'expliquer avec mes collègues s'il le faut. » Le débat s'annonce vif.