Sur céréales à paille, l'ammonitrate est la forme la plus efficace, suivi de près par l'urée, la solution azotée venant loin derrière. « Bien que l'azote de l'urée nécessite une transformation avant d'être disponible pour la plante, en pratique, nous n'avons jamais mis en évidence un retard d'efficacité par rapport à l'ammonitrate », souligne Jean-Pierre Cohan, spécialiste fertilisation chez Arvalis. En revanche, sur maïs, le premier apport étant réalisé quasiment sur sol nu, l'urée subit alors la volatilisation ammoniacale. « Nous préconisons de l'enfouir dans les premiers centimètres pour éviter ces pertes et obtenir une performance voisine de l'ammonitrate. »

ATOUTS TECHNIQUES

Les différences d'efficacité entre les formes solides et la solution azotée sont d'autant plus marquées en céréales à paille que les sols sont basiques (pH > 7) car ils accentuent les phénomènes de volatilisation, principal facteur d'explication de la moindre performance de la solution azotée. Une synthèse pluriannuelle et multisite d'Arvalis, avec des rendements et protéines obtenus à la dose optimale d'azote, montre une supériorité de deux ou trois apports sous forme solide comparé à la solution azotée. Le gain est de 2 q/ha et 0,6 point de protéines en sols limoneux (pH 6 à 7) et de 4 q/ha et 0,75 point de protéines en sols basiques (craie, argilo-calcaire...).

« En sols limoneux, pour obtenir la même performance en rendement que les formes solides, la dose totale de solution azotée doit être majorée de 10 %. Dans certaines situations, les points de protéines peuvent également être rattrapés. En revanche en sols basiques, majorer la dose de solution azotée ne permet pas d'obtenir l'efficacité des formes solides. » La météo, surtout après fertilisation, et la dynamique de la culture jouent également un rôle sur l'efficacité : une sécheresse après apport et une croissance ralentie de la culture sont en effet des facteurs favorables à une plus grande volatilisation et donc pénalisants pour la solution azotée.

PERFORMANCE ÉCONOMIQUE

La forme liquide étant cependant appréciée pour sa facilité d'emploi et le débit de chantier, une possibilité est alors de réaliser les deux premiers apports avec la solution azotée et le troisième en ammonitrate pour au moins limiter le risque de brûlure sur feuilles. Mais d'un point de vue économique, avec un coût de 0,20 à 0,30 euro de moins par unité d'azote, trois apports de solution azotée restent cependant compétitifs comparé à l'ammonitrate, même en sols basiques.