Cette année encore, les nouveautés n'ont pas été testées dans un contexte de forte pression des maladies. Néanmoins, quelques tendances se dessinent. « Les SDHI ont presque été exclusivement testées en association avec un partenaire », précise Arvalis, qui a conduit ces essais.
Piétin verse. D'abord avec des variétés résistantes. La lutte contre le piétin verse doit s'envisager d'abord avec des variétés résistantes. Aucun essai n'a été conduit par Arvalis visant le piétin verse, que ce soit avec les produits existants ou avec les nouveaux SDHI.
Oïdium. Les SDHI ne sont pas spécialistes. Comme pour le piétin verse, aucun essai n'a été réalisé en 2011 sur l'oïdium, d'autant plus que les SDHI ne sont pas spécialistes de cette maladie. « La présence de souches multirésistantes, ainsi que l'émergence de souches résistantes à la métrafénone, incite à associer ou à alterner les anti-oïdium spécifiques dans les programmes de traitement », alerte Arvalis.
Rouilles jaune et brune. Les strobilurines confirment leur intérêt. Un seul essai sur rouille jaune a été réalisé en 2011, dans le Calvados, sous contamination artificielle. Il ne permet pas de différencier les produits entre eux. Les résultats acquis avec les SDHI sur rouille jaune sont insuffisants pour conclure à leur efficacité relative.
Sur rouille brune, dans les deux essais réalisés dans l'Aude et la Drôme, la nouvelle formulation d'époxiconazole (EC), Opus New, apporte quelques points d'efficacité supplémentaires pour une quantité de matière active identique, et 0,8 q/ ha par rapport à l'ancienne formulation (SC), Opus. La demi-dose d'Osiris Win (1,5 l) montre, comme en 2010, une efficacité et un gain de rendement supérieur à la pleine dose d'Opus, et du même niveau qu'Opus New à 1,5 l/ha. La pyraclostrobine contenue dans le produit BAS 667 F, l'équivalent prêt à l'emploi du pack Bell + Comet, confirme son intérêt, même à dose réduite, en termes d'efficacité et de rendement. Bell nouvelle formulation montre une efficacité supérieure à celle d'Opus à 1 l/ha.
BONNE ACTIVITE DES SDHI
Les nouveaux SDHI ont aussi été testés. BAS 701 F (fluxopyroxad) étudié à demi-dose (1 l/ha) dispose d'une très bonne activité, équivalente à une pleine dose d'Opus New. La comparaison entre BAS 702 F et BAS 701 F confirme l'intérêt de l'apport d'une strobilurine sur rouille brune. L'avantage est en effet à BAS 702 F à demidose. F 128 BCS (à base de bixafen) montre, à pleine dose (1,25 l/ha), de bons résultats mais semble moins efficace à dose réduite. Quant à F 133 BCS, à demi-dose (0,625 l/ha), il est très légèrement supérieur à F 128 BCS et peut être comparé à Prosaro 0,5 l/ha. Toutefois, « les SDHI ne sont pas indispensables pour lutter efficacement contre la rouille brune, relativise Arvalis. De très bons résultats peuvent être obtenus avec des associations de triazoles + strobilurines (Abacus SP, Fandango S...) ou encore avec des associations de triazoles (Osiris, Prosaro...).
Septoriose. Hiérarchie des carboxamides à préciser. Sur les cinq essais mis en place, seuls deux (Côtes-d'Armor et Seine-Maritime) ont généré des données exploitables uniquement sur les deux étages foliaires F2 et F3. Les données de rendement ne sont pas fournies en raison de la faiblesse des réponses observées. Il ressort toutefois qu'Opus New, la nouvelle formulation d'Opus, apporte deux points d'efficacité supplémentaires. Par ailleurs, les nouvelles formulations OD du boscalid (BAS 549 F et BAS 667 F) génèrent des réponses « rendement » supérieures à ce que les efficacités montrent. Car, à demi-dose, BAS 549 F donne des résultats en tendance inférieurs à ceux d'Opus New 0,9 + prochloraze. Cette dernière association reste une valeur sûre. Quant au chlorothalonil, il conserve son statut de référence en T1, avec notamment M4780 qui devrait remplacer Menara + chlorothalonil.
AJUSTEMENT DES DOSES
Les nouveaux carboxamides (SDHI) contribuent très nettement à améliorer l'efficacité sur septoriose. Ainsi, les innovations BAS 701 F (fluxapyroxad), F 128 BCS et F 133 BCS (bixafen), plus efficaces mais plus chères, sont compétitives comparées aux solutions plus classiques de type Opus New + prochloraze. Par exemple, BAS 701 F, dont le prix est de 100 €/ha, propose un excellent rapport qualité prix à un quart de dose (soit pour 25 €/ha) en surpassant Opus New 0,9 + prochloraze 0,7, à 40 €/ha. Concernant F 128 BCS, pour environ 45 €/ha, la demi-dose de produit donne un très bon résultat, reflétant l'excellente efficacité du bixafen sur la septoriose. Toutefois « une hiérarchie plus précise des SDHI devra être réalisée l'année prochaine dans des conditions d'essai avec davantage de septoriose, en particulier à faible dose », estime Arvalis, qui souhaite encore consolider les possibilités d'ajustement des doses de ces nouvelles spécialités.
Fusarioses. Le prothioconazole plus efficace. Dans les cinq essais réalisés par Arvalis (Dordogne, Haute-Garonne, Loir et Cher et Essonne), le prothioconazole confirme qu'il est le plus efficace pour contrôler Michrodochium spp. Et montre donc sa polyvalence sur les principales espèces présentes sur l'épi. Prosaro (prothioconazole + tébuconazole) peut être flexible sur la dose utilisée, qui pourra se situer entre 0,5 et 1 l/ha en fonction du risque et du résultat attendu.
Le prochloraze montre une bonne efficacité sur Microdochium et doit être associé à un triazole anti-roseum pour lutter contre le complexe de l'épi. Les nouveautés M4890 de Syngenta (tébuconazole + difénoconazole) et F 129 BCS de Bayer CropScience (prothioconazole + tébuconazole) sont à revoir dans des conditions plus favorables aux fusarioses.