LE CONTEXTE

Avec la crise économique, les agriculteurs français pointent du doigt le poids des charges patronales comme le principal frein à leur compétitivité. Un constat criant lorsqu'ils comparent leur situation avec celle de leurs voisins allemands.

AVANTAGE ALLEMAGNE

Outre le fait que les contrats de travail inférieurs à 50 jours par an sont totalement exonérés de cotisations sociales, il n'existe pas de salaire minimum en Allemagne (hors convention collective). Autre facilité : le recours simplifié à la main-d'oeuvre étrangère. À compter du 1er janvier 2012, les Allemands pourront même employer des travailleurs de Bulgarie et de Roumanie pour une durée de six mois sans avoir à demander un permis de travail.

Selon l'Effat (Fédération européenne des syndicats de l'alimentation), 90 % des salariés des principales entreprises d'abattage allemandes sont des migrants embauchés par des prestataires de services. La réglementation sociale européenne impose le rattachement de ces migrants à la convention collective nationale du pays d'accueil, or il n'en existe pas en Allemagne. Cette directive y est donc inopérante, laissant libres les employeurs et possibles les dérives : salaire inférieur à 4 € de l'heure, logements insalubres… Les syndicats français crient au dumping social.

AVANTAGE FRANCE

Le libéralisme social allemand a de quoi tenter l'employeur de l'Hexagone. Selon le rapport du député UMP Bernard Reynès, rendu en juillet 2011, le poids des charges salariales chez les arboriculteurs français est le plus élevé d'Europe (32,3 %, contre 21 % en Allemagne). Au-delà du financement de la protection sociale pesant sur le travail (contrairement à l'Allemagne), c'est le niveau du smic – 1 398,37 €/mois au 1er janvier 2012 – et son uniformité qui posent problème. Le smic garantit pourtant un traitement décent aux travailleurs, qu'ils soient migrants ou nationaux. « Il n'est pas question d'être les moins-disants sociaux », affirme Xavier Beulin, président de la FNSEA. Les employeurs français réclament donc l'harmonisation des règles sociales à l'échelle européenne. Un nivellement par le haut qui doit commencer par l'instauration d'un salaire minimum dans chaque pays. Le projet est actuellement en discussion de l'autre côté du Rhin.