« Cet été, je n'ai pas hésité à semer des dérobées derrière mes céréales », confie Hubert Mony. A la tête de quatre cents romanes à Francheville en Côte-d'Or, son inquiétude était grande face à l'état des stocks. La récolte de foin a été deux fois moins importante que l'année dernière. « Alors que je viens de doubler l'effectif de mes brebis », explique-t-il. Pour nourrir ces animaux, les grandes cultures sont désormais mises à contribution et notamment les Cipan (cultures intermédiaires piège à nitrates), implantées avant les semis d'orge de printemps. « J'en ai semé 14 ha chez moi et 16 ha chez mon voisin », poursuit Hubert. Ce dernier a gracieusement mis à sa disposition une partie de sa sole concernée par la couverture hivernale. Pour mieux valoriser ces Cipan, Hubert a mis en place une nouvelle période d'agnelage au cours des mois de janvier et février. Ainsi, les brebis gestantes restent dehors le plus tard possible à l'automne. « L'intérêt est de les tenir en bon état sans apporter de complémentation au champ », précise-t-il.
DES RENDEMENTS VARIABLES SUIVANT LES ANNÉES
L'année dernière, ces surfaces étaient valorisées par le pâturage après la pose de clôtures électriques. Cette année, le contexte est différent. Les prairies ont reverdi en été. La météo a été favorable puisque 150 mm de pluie sont tombés en août. Les brebis ont pu profiter du stock disponible sur ces parcelles à l'automne. Du coup, les dérobées ont été récoltées en enrubannage. Le rendement obtenu est plus faible que celui de l'année dernière. Il est voisin de 1 tonne de matière sèche par ha (t de MS/ha) contre le double en 2010.
« J'attribue ce « maigre » résultat au semis tardif du mélange de dérobées, indique Hubert. J'ai semé après la moisson du blé, c'est-à-dire entre le 5 et le 10 août, soit quinze jours plus tard que d'habitude. » Les sols superficiels sont également un frein au rendement. En blé ceux-ci dépassent rarement 60 q.
Côté qualité, l'enrubannage de dérobées est équivalent à un enrubannage de luzerne. L'analyse fait apparaître une valeur en UFL de 0,80 UF/kg de MS, pour 115 g de PDIN et 91 g de PDIE/kg de MS.
Ce fourrage convient pour des brebis à l'entretien. Lorsqu'elles sont nourries avec du foin et de la paille, il faut ajouter entre 300 à 600 g de concentrés par jour.
Pendant la lactation Hubert estime l'économie à 300 g de céréales (orge ou triticale) et 50 g de tourteaux par brebis et par jour par rapport à une ration à base de foin.