« Les conflits entre agriculteurs et néoruraux sont révélateurs de la méconnaissance des uns envers les autres, estime Damien Delsuc, vice-président de Jeunes Agriculteurs (JA) du Tarn. Très vite, des associations se montent pour protester contre le bruit des arroseurs, les odeurs liées à l'épandage ou encore la présence de mouches autour des poulaillers. En face, les agriculteurs se sentent agressés et ne comprennent pas qu'on les empêche de travailler. » C'est pour faire en sorte que les exploitants et leurs voisins se connaissent mieux et « apprennent à vivre ensemble », que les sept maires de la communauté de communes des Monts d'Alban, dans le Tarn, ont signé le 22 octobre 2011 une charte de bon voisinage avec JA.
SENSIBILISER AUX RÉALITÉS
Trois cents exploitations, essentiellement vouées à l'élevage bovin, se répartissent sur ce territoire, soit près de 20 % des actifs. « Les principaux conflits concernent l'épandage du fumier et les problèmes liés à l'usage des sols et des chemins, et aux haies », constate le président de la communauté de communes, Damien Chamayou. L'objectif de la charte est de sensibiliser les nouveaux arrivants des communes aux réalités de la vie à la campagne en présentant la profession agricole, les nuisances qui lui sont inhérentes mais surtout, ses efforts pour les limiter. « C'est un outil d'accompagnement des bonnes relations humaines », résume Damien Delsuc.
RECHERCHE DE RECONNAISSANCE
La nouvelle génération d'agriculteurs connaît l'importance du bon accueil des néoruraux pour la survie de leurs villages, le maintien des magasins et des services de proximité. Mais elle n'est pas prête à tout sacrifier et attend des efforts et une reconnaissance de son rôle en retour. « Si nous avons tous des droits en matière de voisinage, nous avons aussi des devoirs », affirme Damien Delsuc. Eleveur du canton d'Alban, Samuel Pousthomis, confirme : « Cette charte est l'occasion de rappeler les règles de distance à respecter pour construire à proximité d'une exploitation agricole, ainsi que le droit d'antériorité qui profite aux agriculteurs installés avant les plaignants » (lire l'encadre page 44).
La première charte a été élaborée au niveau départemental en 2006, puis actualisée en 2010 avec la participation de la préfecture du Tarn. « Nous travaillons depuis avec l'association des élus et maires du Tarn, ainsi que la chambre d'agriculture, pour la diffuser le plus largement possible et l'adapter aux spécificités des territoires », indique Damien Delsuc. Saluant l'initiative sur sa communauté de communes, Damien Chamayou prévient les signataires : « La charte n'est qu'une entrée en matière, elle ne remplace pas le dialogue. »