A la tête d'un troupeau de cent dix charolaises, à Molles, dans l'Allier, Patrice Bonnin estime pouvoir gagner 50 tonnes sur sa consommation hivernale de paille pour la litière. « Chaque jour, je vais en économiser 3 kg par vache grâce à mon couloir de raclage », calcule-t-il. À 130 euros la tonne, comme il n'est pas rare d'en trouver sur le marché en ce moment, l'économie s'élèvera à 6 500 euros. « Jusqu'à maintenant, j'étais peu regardant sur les quantités que j'utilisais », avoue Patrice. La priorité, c'était le confort des animaux. La consommation quotidienne avoisinait les 10 kg par vache. « La paille ne me revenait pas très cher jusqu'à l'année dernière, raconte-t-il. Elle provient des 10 hectares de céréales que je cultive et des 50 hectares que j'achète en andains dans la plaine de la Limagne à 15 €/t. »
La sécheresse du printemps a changé la donne. Les stocks fourragers sont au plus bas. Une partie de la paille intégrera donc la ration, à raison de 3 ou 4 kg par vache et par jour. « Réduire la consommation pour la litière ne sera pas un problème avec le couloir raclé, assure l'éleveur. Les animaux ne seront pas sales pour autant. Le matin, je les bloque de 7 h 30 à 11 h au cornadis. Pendant ce temps, les vaches mangent. Quand je les lâche, elles « bousent » sur le béton pendant quelques minutes. Puis elles vont boire avant de rejoindre rapidement l'aire de couchage. Ainsi, elles souillent peu la litière. » La mise en place de la première partie de la stabulation de Patrice, avec son couloir bétonné, date des années quatre-vingt-dix. La motivation était double à l'époque. Il s'agissait de réaliser des économies de paille, mais surtout de trier les animaux facilement, car ceux-ci peuvent être facilement bloqués sur le couloir de raclage grâce à un jeu de barrières. « De plus, les inséminateurs et les vétérinaires apprécient d'intervenir en ayant les pieds sur le béton », confie l'éleveur.
PRÉVOIR UNE FUMIÈRE
Lors de l'agrandissement en 2008, le bâtiment a été allongé selon le même concept. Sa capacité est passée de quarante à cent dix places, et quelques améliorations ont été apportées. « J'ai notamment installé un couloir de circulation entre les cases, précise-t-il. Il mesure un mètre de large et me sert à approvisionner les nourrisseurs des veaux en concentrés. Je n'ai plus à escalader les barrières. Ainsi, je gagne du temps. »
Le couloir raclé a contraint Patrice à construire une fumière. « Je l'ai aménagée sur deux travées de 6 mètres au milieu du bâtiment, explique-t-il. Cela m'a permis de gérer le dénivelé du terrain lors de l'agrandissement. » Les animaux sont logés de part et d'autre de la fumière, avec d'un côté les vaches qui ont vêlé au début de l'automne. Elles disposent de 12 m² chacune avec leur veau. Celles qui mettent bas pendant l'hiver ont 10 m². Les surfaces adaptées contribuent aussi à la propreté des animaux. Des détails importants, surtout quand, comme chez Patrice, la ration comprend une part importante d'ensilage d'herbe.