« Après avoir assisté à une conférence et consulté des ouvrages sur les engrais verts et la fertilité des sols, je me suis lancé dans les couverts en mélange », explique Christophe Gueulle, exploitant à Berneuil-en-Bray, dans l'Oise.
Les rendements de certaines parcelles plafonnaient, les pailles ne se décomposaient pas bien. L'agriculteur avait également des soucis de limaces, de mauvaises herbes. « Un essai avec de l'avoine et du blé issu du déchet de triage m'avait déjà montré que la culture suivante se développait davantage », ajoute-t-il.
Voilà une dizaine d'années que Christophe a engagé ce virage, alors qu'il n'est pas en zone vulnérable. Ce changement s'est vite accompagné du passage au semis direct. Ainsi, sauf avant le colza et le lin oléagineux d'hiver, semés tôt, toutes les cultures sont précédées de cultures intermédiaires ou de repousses (lin et colza).
Attention aux familles
Christophe Gueulle raisonne l'implantation des couverts en fonction des cultures qui suivent, mais aussi de leur intérêt : fixation de l'azote, effet de nettoyage, couverture du sol, travail des racines...
Au début, il recherchait un fort effet racinaire. Il a remarqué par la suite que les pivots descendaient plus facilement, car il n'y avait plus de semelle de labour.
Si une des règles d'or est de ne pas implanter d'espèces de la même famille que celles de la culture qui suit, Christophe se laisse la liberté d'adapter ses choix en fonction du prix et de la disponibilité des semences.
Une partie des espèces semées sont même produites à la ferme. Cette année, les cultures intermédiaires sont déjà toutes implantées : les plus petites graines ont été semées sous la coupe de la moissonneuse et les plus grosses, dans la foulée, au semoir.
Avant légumineuses, Christophe utilise de la moutarde, du radis, du nyger, de la cameline et de l'avoine. Les parcelles sont généralement propres, l'exploitant estime que la présence d'avoine permet de venir à bout du ray-grass.
Il réalise aussi un mélange d'avoine et de vesce avec une proportion plus importante d'avoine en sol argileux qu'en limons avant maïs et betterave. Le sol est bien « nettoyé » grâce au pouvoir couvrant de cette association.
En cas de semis de blé, la stratégie dépend du précédent. La troisième année, le blé est implanté directement sur la luzerne, qui est broyée après le semis : avec seulement 80 unités d'azote le rendement atteint 80 q/ha.
Après un escourgeon, le mélange vesce-féverole-pois-moutarde-nyger se développe bien. Christophe observe un blé quasi assolé, qui permet de casser le cycle des mauvaises herbes et des maladies.
« En semis direct, les sols minéralisant plus tard, les légumineuses permettent de pallier en partie le problème », ajoute-t-il.
Derrière un pois, une lentille ou une vesce, il sème à la volée un mélange de crucifères : « Cette année, j'ai ajouté de la cameline, pour son effet tuteur sur les autres cultures. »
Pour améliorer son système, Christophe associe de la lentille et du nyger à ses colzas pour l'effet de couverture du sol des deux espèces, mais aussi pour profiter de l'apport d'azote de la lentille.
Pression moins forte des parasites
Christophe estime que la pression des mauvaises herbes, des insectes et des maladies, est en moyenne moins élevée dans ce système qu'auparavant.
Destruction mécanique et chimique
Pour détruire ses couverts, Christophe Gueulle utilise au cas par cas différents outils. Le rouleau Faca « maison » (photo ci-dessous) détruit par lacération la végétation au stade de la floraison.
Il est placé devant le tracteur alors que le semis de cultures d'hiver se fait directement à l'arrière. Avant d'implanter ses cultures de printemps, et dès qu'il gèle suffisamment, l'agriculteur passe un rouleau Cambridge.
Une intervention avec du glyphosate vient fréquemment compléter l'action de ces outils.