« Dans mon silo à trois compartiments, je ne peux pas stocker plus de 3,8 tonnes d'un même aliment, explique Robert Nicolas, en Gaec avec Yvon Jezequel à Louargat, dans les Côtes-d'Armor. J'achète donc par petites quantités. Seul, je n'ai jamais de remise et les frais de transport ramenés à la tonne pèsent lourd sur la facture. » Le troupeau de soixante-six prim'holsteins reçoit une ration semi-complète à base de maïs et d'herbe. Une partie des concentrés est distribuée au Dac. Robert achète régulièrement des tourteaux et un aliment de production.
« Je suis président de l'association Agri échanges des deux Menez, un ancien groupe technique atout lait devenu autonome, explique-t-il. Pour nous situer les uns par rapport aux autres, je réalisais un tableau avec les résultats de chaque exploitation. Je me suis aperçu que nous avions des rations similaires et que nous achetions les mêmes produits. » Robert propose alors à ses collègues et à des voisins de commander des aliments à plusieurs. Le groupe G11 compte aujourd'hui trente-deux membres. Pour y entrer, la seule condition est que l'exploitation soit située à 10 km de Louargat. Il n'y a pas de frais d'adhésion ni d'engagement.
UN JOUR DE LIVRAISON CHEZ CHAQUE ÉLEVEUR
« Certains vendeurs nous ont proposé que l'un d'entre nous passe commande et gère le tout, poursuit Robert. Ce n'était pas possible. » Le groupe choisit une formule plus simple pour les deux parties : un jour de livraison par semaine chez chaque éleveur et des frais de transport en moins. C'est le fournisseur qui fixe la logistique. Il prévient les éleveurs du jour de la livraison et de la date butoir pour la prise de commande. Libre à chacun de commander ou non. Les camions étant compartimentés, les producteurs peuvent acheter plusieurs aliments. Ils sont livrés chez eux le jour fixé. « Nous économisons en moyenne 6,50 €/t, explique Robert. Pour obtenir cette réduction, il n'y a que deux conditions : remplir au moins un camion et passer commande avant la date butoir. » Le fournisseur facture sa commande à chacun.
PROSPECTION
Pour choisir l'opérateur, chaque éleveur a contacté son vendeur pour connaître les prix des tourteaux de soja et de colza. Le moins cher a remporté l'offre pour quelques mois. Depuis, Robert, aidé de ses voisins, refait régulièrement le point. Il est ouvert à toute proposition. « La principale difficulté, c'est d'anticiper et de ne pas décrocher le téléphone le jour où le silo est vide, résume-t-il. Au départ, beaucoup de commandes étaient passées hors délai. Il faut aussi raisonner dans une logique de groupe. Ainsi, certains ont refusé de commander parce que le fournisseur était une coopérative. Mais si on ne remplit pas un camion, tout le monde est perdant ! »
Robert a essayé d'élargir les achats groupés aux semences de maïs, produits d'hygiène pour la traite ou aux bâches. « Nous avons abandonné, c'était trop compliqué car les gammes sont trop larges, explique-t-il. Le groupement d'achat de Loudéac le faisait déjà sur le même fonctionnement que nous. » Les éleveurs ont demandé à avoir un point de livraison chez l'un d'entre eux.