« Malgré la sécheresse, je ne suis pas trop inquiet pour mes ressources fourragères, avoue Jean-Baptiste Mouly, de Bélaye, dans le Lot. Grâce aux landes et parcours en sous-bois que je loue à l'Association fourragère pastorale (AFP), je n'aurai pas besoin d'acheter de fourrage. J'aurai assez de stocks pour nourrir mes cent vingt brebis caussenardes, même si les rendements des prairies temporaires sont plus faibles cette année. »
Ces 60 ha de sous-bois sont importants pour Jean-Baptiste, depuis son installation en 2006. Ils apportent un complément à l'exploitation, qui compte une quinzaine d'hectares de prairies temporaires et 75 ares pour le maraîchage, qui reste l'activité principale. « Ces surfaces me permettent de tendre à l'autonomie », ajoute-t-il. Les 15 ha de prairies temporaires sont consacrés aux stocks. Ils servent aussi à la conduite de l'agnelage et de l'allaitement. Après le sevrage et durant la gestation, les brebis, qui sont conduites en deux lots, rejoignent les sous-bois. Cette surface est divisée en parcs et représente un tiers de celle mise à disposition par l'AFP (lire ci-dessous). Les deux autres tiers sont pâturés par Transhumance en Quercy, une association d'éleveurs qui regroupe 1 000 brebis.
146 T DE MS SUR 220 HA
La production fourragère de ces surfaces est variable d'un secteur à l'autre, en fonction des entrées de lumière. Sur l'ensemble de la zone, vingt-quatre habitats différents sont recensés. Parmi eux figurent des chênaies, des landes calcaires arborées plus ou moins ouvertes, des pelouses vivaces calcicoles ou des prairies enfrichées. L'AFP a fait évaluer le potentiel pastoral de ses terrains par un technicien. Sur les 220 ha, celui-ci est évalué à 73 000 journées brebis, soit l'équivalent de 146 tonnes de matière sèche (t de MS).
« Je gère les parcs situés les plus près de mon exploitation, détaille Jean-Baptiste. Je les utilise aussi bien en été qu'en hiver, avec toutefois quelques contraintes pour certaines parcelles. L'une des grandes pelouses ne peut être pâturée qu'en hiver pour préserver l'aster amelle, une composée classée parmi les espèces protégées, et l'azuré du serpolet, un papillon également inscrit sur la liste des insectes protégés. Je m'adapte facilement », assure le jeune éleveur. Le stock sur pied est exploitable tout au long de l'année mais lors d'un seul passage.
AMÉNAGEMENTS AIDÉS
« Depuis 2008, la production fourragère s'est améliorée », remarque Jean-Baptiste. Le pâturage régulier des arbustes favorise les entrées de lumière. Sur certaines zones, quelques pieds de trèfle apparaissent. Les brebis consomment facilement les ronces et sont friandes des feuilles de buissons. « Surtout au printemps, lorsqu'ils sont en bourgeons, constate-t-il. Elles refusent en revanche de manger des espèces comme le prunellier. Cela m'oblige à les broyer à l'automne. »
Afin de favoriser le pâturage et la production de fourrage, l'AFP a procédé à de nombreux aménagements. Des layons de 3 mètres autour de chaque parc facilitent l'installation des clôtures. « L'AFP a aussi réalisé des ouvertures mécaniques par gyrobroyage sur quelques zones précises, explique Jean-Baptiste. Cela facilite la circulation des animaux et augmente les surfaces ouvertes. »
L'alimentation en eau est organisée par parc, en fonction de la ressource disponible sur le site. Les parcs sont reliés au réseau à l'aide d'un tuyau PVC longeant les clôtures et sont connectés à un abreuvoir mobile. Le coût des aménagements s'est élevé à 77 000 euros, soit en moyenne 283 €/ha. Ils ont été financés grâce au soutien du conseil général, du conseil régional et de l'Europe, qui sont intervenus à hauteur de 80 %. Les 20 % restants sont restés à la charge de Transhumance en Quercy et de Jean-Baptiste Mouly. Le conseil général et l'Europe participent au fonctionnement annuel en apportant une aide de 60 €/ha.
DES BESOINS COUVERTS
Les résultats techniques sont conformes aux objectifs. « L'état des brebis n'est pas dégradé à la sortie des parcours, constate Jean-Baptiste. Elles sont rustiques et profitent des fourrages qui leur sont offerts. Leurs besoins sont couverts. J'évite toutefois d'emmener des animaux qui manquent d'état. » Au final, la production d'agneaux atteint 130 têtes tous les ans. Le bilan pastoral est donc positif.
Reste à trouver comment tirer parti du bois. La réflexion va s'engager avec les forestiers, même si la priorité se situe au niveau de la production fourragère. « Je viens d'investir dans une scie mobile d'occasion pour m'occuper du bois des parcelles dont je suis propriétaire, indique Jean-Baptiste. Le but est de façonner des poutres pour construire un bâtiment ou tailler des piquets pour les clôtures. »