Exit les avertissements agricole
Au 31 décembre 2008, les Avertissements agricoles ont tiré leur révérence pour laisser progressivement la place aux Bulletins de santé du végétal (BSV).
2009 a été une année de transition et le printemps 2010 a réellement vu l'arrivée des BSV partout en France. Les avertissements, destinés aux agriculteurs et distribués par courrier, fax ou mail grâce à un abonnement payant, conseillaient l'utilisation de produits phytos selon une analyse de risques et les connaissances réglementaires.
Mutualisation des données
Suite au plan Ecophyto de 2008, le ministère de l'Agriculture a voulu renforcer la surveillance biologique du territoire en créant un réseau d'épidémio-surveillance par filière (grandes cultures, vigne, arboriculture fruitière, légumes, zones non agricoles). Le but est d'améliorer la collecte et de mutualiser toutes les informations existantes. Des protocoles d'observation harmonisés ont été validés au niveau national afin de garantir une homogénéité des données. Pour chaque végétal et chaque bioagresseur, des méthodes et des critères d'observation ont été définis.
Ces données sont recueillies et incorporées dans des bases de données (lire l'encadré), permettant des traitements régionaux et nationaux puis la rédaction du BSV. Des modèles épidémiologiques sont aussi utilisés pour prédire l'évolution des organismes nuisibles. « Ils permettent d'éviter les traitements préventifs et curatifs systématiques, explique le ministère. Par exemple, lorsque les prévisions météorologiques seront défavorables aux bioagresseurs et que les seuils de nuisibilité ne seront pas franchis, les traitements phytos seront évités. »
En proposant une seule alerte commune, les contradictions et les erreurs de jugement pour l'agriculteur sont ainsi limitées. Cela participe aussi à l'objectif d'Ecophyto de réduire l'utilisation des phytos en ne traitant que si nécessaire et au bon moment.
De multiples partenaires
Des comités de pilotage régionaux, présidés pas la chambre régionale d'agriculture, ont été créés pour mettre en place le réseau d'observation et veiller à respecter la charte nationale. Un animateur par filière, issu le plus souvent de la chambre ou d'un institut, prépare le message puis le transfère à un comité de relecture (composé des partenaires) avant de le diffuser.
La plupart des acteurs concernés ont mutualisé leurs informations issues de leurs observations : les chambres d'agriculture, les Sral (Services régionaux de l'alimentation), les Fredon (Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles), les instituts techniques (Cetiom, Arvalis, ITL, ITB...), les distributeurs agricoles, les syndicats de producteurs, les comités interprofessionnels, les industriels (sucreries), certaines firmes phytosanitaires...
Pas de préconisations
Le ministère a aussi souhaité se concentrer uniquement sur le constat des risques et ne plus faire de conseils phytos. Il n'y a donc plus de préconisations dans les BSV, et c'est là le plus gros changement. En revanche, sont toujours décrits l'état sanitaire, l'analyse de risque (selon la pression, le stade de la culture, le climat...), une projection à sept jours (jusqu'au prochain BSV) quand cela est possible et le seuil de nuisibilité. Des notes nationales techniques (Inra, Instituts...) ou des messages réglementaires (produits autorisés ou retirés du marché...) peuvent également être diffusés par le biais du BSV.
Comme les Avertissements agricoles, les BSV sont édités par filière ou par culture, selon les régions, avec un rythme hebdomadaire durant la saison végétative. A l'agriculteur de confirmer ce diagnostic en observant ses parcelles et de faire le choix de traiter ou pas, et avec quel produit. Ces informations peuvent aussi être reprises par les différents partenaires (chambres d'agriculture, organismes stockeurs...) afin d'être complétées par des préconisations.
Fiabilité accrue
Le réseau d'observateurs est donc beaucoup plus étendu qu'au temps des Avertissements agricoles, ce qui permet d'être davantage représentatif d'une situation. En 2010, selon le ministère, 8 941 parcelles ont été régulièrement suivies par 3 408 observateurs issus de 1 071 structures, afin de rédiger plus de 2 200 BSV.
La réactivité est aussi importante puisque seules 24 à 48 heures sont nécessaires entre les observations et la publication du BSV (voir l'infographie page 47).
Les Sral veillent également au respect du cahier des charges établi au niveau national, du protocole d'observation, du délai de publication...
Accès gratuit sur internet
Autre différence avec les Avertissements agricoles, les BSV sont gratuits et accessibles sur les sites internet du ministère de l'Agriculture, des chambres régionales et départementales et des Sral. Certains partenaires proposent aussi ce service sur leur site tels que le Cetiom ou certaines coopératives. Les BSV sont aussi souvent publiés dans la presse agricole départementale. Sur demande, certaines Sral ou chambres d'agriculture acceptent d'envoyer par mail le BSV (Aquitaine, Bretagne, Franche-Comté, Limousin, Picardie...). Recevoir le BSV sur sa boîte mail évite ainsi d'aller le chercher toutes les semaines, voire d'oublier de le faire.
Reste la question des agriculteurs qui n'ont toujours pas la possibilité d'être connectés.
Financement indirect par l'agriculteur
La mise en oeuvre du plan Ecophyto 2018 est financée par une fraction de la redevance pour pollutions diffuses payée par chaque acheteur de produits phytos. Cette redevance, collectée par les Agences de l'eau, est attribuée au budget de l'Onema (Office national de l'eau et des milieux aquatiques, établissement public relevant du ministère de l'Ecologie). Les agriculteurs participent donc au financement du BSV.
En 2010, le budget de l'Onema dédié aux réseaux de surveillance est de 8 millions (coût des animateurs filières et interfilières, des administrateurs de bases de données et des observateurs, formations...), contre 4,5 millions en 2009.