« Les brebis suitées qui ont pâturé les cultures intermédiaires pièges à nitrates (Cipan) cet automne ont enregistré de bons résultats, se réjouit Franck Sangouard, responsable de la ferme du lycée agricole de Mirecourt, dans les Vosges. Leurs agneaux ont des croissances supérieures à ceux conduits en bergerie. Leur gain moyen quotidien pendant les 55 jours de pâturage, entre le 22 septembre et le 15 novembre, atteint 323 g/j. Ils n'ont reçu aucune complémentation « mais ont vite consommé le couvert ». Les agneaux élevés en bergerie affichent quant à eux un GMQ de 313 g/j pendant la même période. Ils ont consommé 480 g de concentrés par jour jusqu'au sevrage, à l'âge de 70 jours.

CONDITIONS MÉTÉO DIFFICILES

Les 98 brebis romanes dessaisonnées ont mis bas les 10 et 11 septembre 2010. La mise en lot a eu lieu le 22 septembre. La moitié des animaux ont été conduits en bergerie avec du foin de regain et du foin de luzerne. Pendant la phase d'allaitement, les brebis avec un agneau recevaient 400 g d'un concentré fermier composé d'orge, de tourteau de colza et de luzerne déshydratée. Celles suitées de deux agneaux recevaient 800 g de ce concentré. Les autres brebis ont valorisé les Cipan. Au départ, chaque lot était identique : la répartition des agneaux mâles et femelles était homogène, tout comme leurs poids moyens.

Les performances ont été mesurées alors que les conditions météo n'étaient pas excellentes. Certains jours de pluie, les brebis avaient les onglons couverts de terre. « J'étais inquiet, avoue Franck Sangouard, mais cela n'a pas eu de conséquences sur leur état général. Nous n'avons constaté aucun problème sanitaire particulier. Les pertes sont du même niveau dans les deux lots. »

Dès l'entrée en bergerie du lot Cipan, les croissances des agneaux s'écroulent. « C'est normal, estime Franck Sangouard. Le changement d'alimentation provoque un stress. Les résultats restent malgré tout très positifs. Les croissances des agneaux sont très supérieures à celles obtenues avec des brebis suitées conduites sur des prairies temporaires », estime-t-il.

Les frais d'implantation sont eux aussi calculés au plus juste. La semence a coûté 58 €/ha alors que les frais de mécanisation représentent 90 €/ha. Avec la main-d'oeuvre, les frais totaux s'élèvent à 162,7 €/ha. La réussite de l'expérience est conditionnée par celle de l'implantation de la culture. Les quatre espèces choisies (lire l'encadré) ont bien levé. Les conditions n'étaient pas optimales lors de l'implantation en août. Le blé qui précédait a été moissonné tard. Les pluies d'automne ont permis de rattraper le retard. « L'idéal serait de prévoir le semis du Cipan derrière une orge, explique Franck Sangouard. Cela offrirait plus de souplesse pour réussir l'implantation. »

ECHANGE DE BONS PROCÉDÉS

Cet essai a été mis en place alors que le lycée agricole collabore depuis longtemps avec son voisin céréalier. « Nous lui achetons une partie des concentrés et de la paille pour le troupeau, explique Franck Sangouard. En échange, nous lui fournissons du fumier. L'implantation et la valorisation des Cipan sont une étape supplémentaire dans notre collaboration. Ces cultures sont profitables pour nous, comme pour lui puisqu'elles améliorent la structure du sol. »

Il est trop tôt pour dresser le bilan économique complet de l'essai. Mais les premiers résultats sont très encourageants dans la mesure où le coût alimentaire du lot Cipan est réduit. Reste à voir si les agneaux d'un des deux lots partiront plus tôt à l'abattoir.