L'arrachage de betteraves avec intégrale a conquis la France. Dans nombre de cas, cette stratégie demande l'emploi d'une remorque de débardage.

Deux problèmes peuvent alors se poser. L'ensemble tracteur-remorque est parfois insuffisant pour contenir la capacité d'une trémie d'intégrale. Ensuite, ces engins de transport très chargés risquent de dégrader les sols.

C'est pourquoi fleurissent des systèmes conçus à partir d'anciennes intégrales ou de débardeuses reconditionnées.

Certains utilisateurs, comme l'entreprise Cousin, d'Arleux-en-Gohelle (Pas-de-Calais), ont choisi une autre option : ils ont conçu de véritables automoteurs de débardage à partir de porte-outils.

« Tout a commencé en 2000, raconte Stéphane Cousin. Nous avons équipé d'une caisse de 12 tonnes un porteur Terra-Gator que nous utilisions pour l'épandage de vinasse. Ce dispositif à pleinement rempli sa fonction, puisqu'il nous a permis de sauver des hectares de betteraves cette année, là où les conditions d'arrachage étaient des plus mauvaises. »

Il faut dire, en effet, qu'avec ses pneumatiques à basse pression et son poids relatif, le Terra-Gator peut passer là où un ensemble benne-tracteur s'enterrerait.

 

Amortissement. Stéphane Cousin (en bas à droite) et ses chauffeurs réalisent 1.000 heures de travaux par an avec cet automoteur.

 

 

Capacité. La benne peut accueillir entre 20 et 22 tonnes de betteraves.

 

 

Articulation. La sellette est montée sur pivot pour permettre une articulation totale.

 

Un automoteur Horsch

Lorsqu'en 2003, l'ETA acquiert une seconde intégrale, la décision de l'associer à un automoteur de débardage vient tout naturellement. Mais cette fois-ci, la base retenue n'est plus la même.

« Il s'agit d'un porte-outils Horsch à trois roues acheté d'occasion, précise l'entrepreneur. L'engin datait de 1995 et affichait 3.000 heures. D'automoteur de semis, il avait déjà été modifié en épandeur à vinasse !

La première étape a consisté à débarrasser l'appareil de tous ses équipements. »

L'automoteur est ensuite complètement démonté. Le moteur V8 Mercedes de 350 ch, la transmission hydrostatique et le circuit hydraulique sont entièrement reconditionnés.

Sur la plate-forme arrière, l'entreprise installe une sellette de camion, où vient s'atteler une benne spécialement conçue pour l'automoteur.

« La sellette a été modifiée pour convenir à sa nouvelle utilisation. Nous l'avons montée sur pivot pour avoir une articulation totale, facilitant les franchissements d'obstacles et de dénivelés. »

La fabrication de la benne est confiée au constructeur Panien. D'une capacité de 20 m3, celle-ci permet de débarder l'ensemble de la trémie de l'intégrale.

« Le Horsch ne peut dépasser 32 km/h à cause de sa transmission hydrostatique, tandis que le Terra-Gator atteint 40 km/h., précise Stéphane. Pour compenser ce handicap, nous avons doté le Horsch d'une plus forte capacité. »

La caisse assure une faible hauteur de chute lors de la vidange de l'intégrale. Sa grande largeur (3,40 m) facilite les phases de chargement. Son bennage se fait à l'angle droit, pour une meilleure régularité des silos. Par ailleurs, le fond de la caisse est équipé de plaques mobiles qui permettent une meilleure évacuation de la récolte en conditions collantes.

« L'essieu de la benne est doté de pneumatiques de type 1050R32, ajoute Stéphane. Les mêmes que ceux équipant le Horsch. On obtient ainsi une bande de roulement de 3,50 m de largeur, ce qui participe à la préservation de la structure des sols. »

Remplacé pour la prochaine campagne

Au bout d'une saison d'utilisation, l'automoteur apporte satisfaction. « La seule modification que nous avons dû apporter était de déplacer le radiateur d'huile sur le haut de la calandre. »

Initialement placé devant le radiateur du moteur, il limitait la capacité de refroidissement et provoquait des montées en température. Après sept ans de service au sein de l'entreprise, l'engin affiche 9.000 heures. 

« Il effectue quelque 1.000 heures par an, dont 400 sont consacrées au débardage », indique Stéphane. Le reste du temps, l'appareil est utilisé comme automoteur de semis pour l'implantation de pois de conserve.

« Vu le nombre d'heures atteint par le Horsch, nous allons le remplacer pour la saison prochaine par un porte-outil Vervaet Hydro-Trike à cinq roues, poursuit-il. Ce dernier devra remplir les fonctions actuelles de l'automoteur Horsch, mais il sera en plus utilisé pour l'épandage d'engrais organiques. L'objectif est d'optimiser l'utilisation de la machine en lui faisant faire 500 heures supplémentaires par an.

Il nous reste à définir l'équipement de débardage. L'Hydro-Trike bénéficie d'une plate-forme longue. Deux solutions sont envisageables : soit nous faisons fabriquer une caisse spécifique, soit nous réemployons la benne actuellement attelée au Horsch. Cette deuxième option est la plus simple, car nous n'aurions que la sellette à réadapter. Cependant, l'ensemble serait alors plus encombrant que le dispositif actuel. » Affaire à suivre, donc...

600 heures de semis par an

Lorsqu'il n'est pas utilisé au débardage, l'automoteur est dévolu au semis de pois de conserve. Pour cela, l'entreprise a dû adapter l'appareil, car lors de l'achat, celui-ci était dépourvu de relevage. L'entreprise a investi dans un équipement d'origine Horsch qui a été réadapté afin de pouvoir soulever le semoir de 6 mètres de largeur. Ce dernier est constitué d'une herse rotative repliable d'origine Sopéma, sur laquelle viennent se greffer deux semoirs Herriau Turbosem de 3 mètres, qui ont subi plusieurs modifications. La plus visible concerne les trémies : elles ont été désolidarisées pour prendre place sur la plate-forme de l'automoteur.