L'année 2010 aura été agitée pour la filière laitière. Les tensions restent vives entre syndicats, mais aussi entre producteurs et industriels. Le dialogue tarde à se rétablir, alors que les pouvoirs publics tentent de mettre la filière en ordre de bataille avant la fin des quotas, en 2015.
Aux niveaux français et européen, il est beaucoup question de contractualisation et d'organisation des producteurs.
Le prix du lait reprend des couleurs. Après une année 2009 très difficile, les trésoreries sont dans le rouge. Heureusement, le prix du lait remonte la pente. La hausse devrait atteindre 10 % sur 2010 par rapport à 2009, soit un prix de base moyen de 301 €/1.000 l.
A l'image des années précédentes, les négociations interprofessionnelles ont été laborieuses. A deux reprises, le ministre de l'Agriculture est intervenu. Pour sortir de l'impasse, la FNPL (1) a accepté le principe de nouveaux indicateurs : l'accrochage du prix français au prix allemand, des indices de valorisation beurre-poudre et un indice sur les coûts de production. La compétitivité de l'Allemagne reste un souci récurrent des industriels.
Les syndicats restent divisés. La FNPL et la FNSEA n'ont pas été confrontés à un mouvement aussi dur que la grève du lait de septembre dernier. Mais les tensions avec les minoritaires persistent.
En témoignent l'occupation de la Maison du lait par la Confédération paysanne cet automne, et le saccage de plusieurs stands, dont celui du Cniel (2), au Space à Rennes.
La fin de l'année se place cependant sous le signe de la détente : la FNPL, la Confédération et la Coordination se sont rencontrées à deux reprises pour évoquer les sujets d'actualité. L'Apli (3) a sporadiquement occupé le terrain médiatique, avec des manifestations puis en lançant l'Office du lait.
Les pouvoirs publics s'activent. Bruno Le Maire a avancé à marche forcée sur l'organisation de la filière. Plusieurs propositions figurant dans la loi loi de modernisation de l'agriculture (contractualisation, organisation de producteurs, interprofession) se déclinent également au niveau européen.
Se basant sur les recommandations du groupe d'experts de haut niveau qu'elle a créé en octobre 2008, la Commission a présenté en décembre un « minipaquet sur le lait », qui offre quelques outils destinés à améliorer le rapport de force entre producteurs et industriels.
Les syndicats minoritaires soulignent qu'il n'existe aucune mesure de régulation des volumes. Cette bonne volonté des pouvoirs publics pour accélérer la réorganisation de la filière prélude à son désengagement.
_____
(1) Fédération nationale des producteurs de lait.
(2) Centre national interprofessionnel de l'économie laitière.
(2) Association des producteurs de lait indépendants.
Rendez-vous en 2011• 1er janvier : le calcul du prix du lait intègre les nouveaux indicateurs : différentiel de prix avec l'Allemagne, valorisation beurre-poudre, coûts de production... • 1er avril : les industriels ont l'obligation de proposer un contrat écrit aux producteurs. • 1er avril : gestion des quotas par grands bassins laitiers. |
Marché mondial : enchères La place boursière Euronext a lancé, le 18 octobre, un contrat à terme sur la poudre de lait écrémé. A ce jour, les offres sont encore rares. En 2008, la coopérative néo-zélandaise Fonterra a lancé un système d'enchères électroniques pour les poudres de lait et la matière grasse. Depuis, ces cotations sont devenues une référence internationale. |
Des restructurations industrielles d'ampleurJusqu'à présent, les restructurations de grande ampleur avaient plutôt concerné des entreprises privées. Les coopératives s'y mettent désormais. 2010 a vu s'initier plusieurs rapprochements : Eurial-Poitouraine et le Glac, les fromageries de Blâmont et l'Ermitage... Sodiaal a enfin bouclé le rachat d'Entremont le 17 décembre, acquérant une taille nationale. Mais cet investissement très lourd suscite quelques inquiétudes. De plus, le fonds PAI Partners a mis en vente la moitié du capital de Yoplait qu'il possède, l'autre moitié étant entre les mains de Sodiaal. Plusieurs groupes, dont Lactalis, sont intéressés. Par ailleurs, l'année 2000 a été fatale à deux grosses coopératives de collecte, le GIE Sud-Lait (Sud-Ouest) et l'URCVL (Rhône-Alpes). L'Espagnol Leche Pascual devrait également arrêter sa collecte dans le Sud-Ouest. Les laiteries, qui n'avaient pas besoin de volumes supplémentaires, se sont fait tirer l'oreille pour reprendre les producteurs laissés sur le carreau. |