«Est-ce que nous allons finir par semer les maïs sous cloche ? » ironise Jean-Paul Renoux, responsable maïs d'Arvalis, pour dénoncer l'absurdité de la situation actuelle. La nouvelle réglementation « poussières », qui va entrer en vigueur au début de l'année 2011, préoccupe en effet les maïsiculteurs. Ils ont même eu recours au référé suspension pour attaquer le texte, mais n'ont pas obtenu gain de cause. Une procédure de fond est toujours en cours mais devrait prendre plusieurs mois avant d'aboutir. Depuis près de deux ans, l'arrêté du 13 janvier 2009 obligeait déjà à équiper les semoirs (surtout les modèles pneumatiques à dépression d'air) de déflecteurs en cas d'utilisation de traitements de semences insecticide. La quasi-totalité des semoirs était donc concernée dans le cas d'un enrobage avec Cruiser 350. Un nouvel arrêté daté du 13 avril 2010 est venu modifier cette réglementation. Il compliquera la mise en oeuvre des semis de maïs dès 2011. L'emploi de déflecteurs ne sera plus l'« apanage » des seuls traitements insecticides : quel que soit le type de traitement de semences choisi, les agriculteurs devront installer cet accessoire sur leur semoir. La liste des spécialités s'allonge (voir infographie) puisque fongicides et corvifuges sont désormais impactés. « Avec Cruiser, 15 à 20 % du parc de semoirs étaient concernés, estime Céline Duroc, d'Orama. Désormais, c'est plus de 95 % qui tombe sous le coup de cette nouvelle réglementation. Ainsi, environ 80 000 semoirs vont devoir être équipés de déflecteurs pour les prochains semis. » Maintenant, les conditions de vent au moment du semis auront aussi leur importance. Dans le nouvel arrêté, il est ainsi prévu de ne pas semer au-delà de 3 sur l'échelle Beaufort au sol (vitesse du vent de 19 km/h), comme pour l'application des autres types de produits phytosanitaires. « Il est difficile de conseiller précisément les exploitants, ajoute Céline Duroc. Aucune donnée météo ne permet de fournir la vitesse du vent au sol, puisqu'elle n'est appréciée qu'à 10 mètres de hauteur ! »Moins de jours disponiblesPour les producteurs de maïs, cette nouvelle contrainte peut donc générer des pertes de rendement puisque le nombre de jours disponibles pour réaliser les semis pourrait diminuer en moyenne de 30 %. « Selon les cas, l'impact diffère, appuie Céline Duroc. Mais, par exemple, en prenant les données météorologiques d'Orléans et les dates de semis 2010, il n'y aurait pas eu de jour disponible, alors que la région arrive première en terme de rendement cette année. »La profession rappelle que les déflecteurs permettent déjà de réduire de façon significative le taux de poussières. « Les semenciers ont aussi mis au point une procédure pour que tous les lots de semences de maïs qui sortent des usines respectent la réglementation et notamment un seuil de taux de poussières », complète Orama.La problématique de gestion des poussières n'a certainement pas fini de faire parler d'elle et pourrait n'être qu'une première étape. En effet, d'autres espèces risquent, elles aussi, d'être concernées sous peu.Céline Fricotté

Déflecteurs Jusqu'à 500 euros

Les agriculteurs peuvent faire poser des kits par un concessionnaire (250 à 500 euros, sans main-d'oeuvre), installer seuls un kit tout prêt pour 150 à 300 euros ou mettre au point cet outillage eux-mêmes.