Dans un département où les arrêtés préfectoraux se succèdent pour réduire l'usage de l'eau par les irrigants, les maïs de Daniel Seguin atteignent au moins 2,50 mètres de hauteur et sont encore verts de haut en bas en cette fin août. Les bassins de l'Arnoult et du Bruant, sur lesquels est située son exploi- tation de Saint-Georges-des-Coteaux, n'ont jamais encore connu d'arrêt total de l'irrigation, une exception en Charente-Maritime. Pourtant, les irrigants de ces deux bassins, 140 céréaliers et vingt maraîchers, ont décidé d'eux-mêmes de s'autolimiter. « Nous voulons que le cours d'eau fonctionne, indique Daniel Seguin. Ça a très bien mar- ché. L'eau circule cette année tout au long des deux cours d'eau, même dans des endroits où il y avait ha- bituellement des assecs. »

Les dégâts des ragondins ont été réparés par les irrigants eux-mêmes. « Ici, les riverains sont propriétaires des cours d'eau. C'est plus facile pour la concertation et plus rapide pour décider des travaux. » Les pelles ont été remontées au maximum en juin, de façon à conserver l'eau le plus longtemps possible. « Il a fallu faire de l'information, notamment auprès des maraîchers, souligne le maïsiculteur. Ils ne sont jamais soumis aux restrictions. Au départ, certains d'entre eux disaient que ce n'était pas leur problème. Puis tout le monde s'y est mis. » Daniel Seguin sourit à l'évocation des discussions entre les enthousiastes et les réticents. « Il n'y a pas de meilleure police de l'eau que les irrigants entre eux. Celui qui ne respecte pas les règles, il en entend parler ! »

20 % de maïs en moins

En effet, pour une fois, ce sont les exploitants eux-mêmes qui ont fixé ces règles. A partir du 14 juillet, pas de prélèvement entre 12 heures et 18 heures, et même jusqu'à 20 heures à partir du 15 août. Quant aux surfaces consacrées au maïs, les céréaliers se sont tous engagés à les réduire de 10 %. Chez Daniel Seguin, qui est président du syndicat d'irrigants, cette diminution a même été de 20 %. Le maïs est passé chez lui de 130 à 110 ha. « Pour montrer l'exemple », indique-t-il, modestement. A la place, il a augmenté sa surface en tournesol de semence de 27 à 38 ha et s'est lancé dans la production de blé de semence hybride sur 36 ha.Ces productions de semences viennent compléter celle de pommes de terre. Toutes trois ont été choisies par Daniel Seguin parce qu'elles consomment moins d'eau que le maïs. Ainsi, le blé hybride a besoin de 600 m3/ha en deux passages. Le tournesol, semé dans des parcelles plus séchantes, demande 900 m3/ha. La pomme de terre réclame 1 500 m3/ha, sachant qu'une partie de cette eau est utilisée pour humidifier la terre au moment de l'arrachage. Alors qu'il faut 2 200 m3/ha pour le maïs. « Je pallie la diminution des volumes sur le maïs par des cultures moins gourmandes en eau et qui laissent une marge similaire. »

Matériel en commun

Daniel Seguin est aussi un adepte convaincu de l'échange avec d'autres exploitants. Avec trois voisins, il dispose de matériel en commun. Ils s'organisent ensemble pour approvisionner chaque jour en pommes de terre leur principal acheteur. Il arrose aussi les betteraves porte- graines d'un voisin. « En échange, il me paie l'irrigation et la perte de culture. » Chez un autre, il irrigue blé dur et maïs sur 25 à 30 ha. La prestation est payée selon un forfait au mètre cube. « Comme je dispose d'un quota d'eau important, je peux en faire bénéficier les voisins. » nLes restrictions volontaires d'irrigation s'accompagnent de la réduction de la sole de maïs.

l'eau d'une carrière utilisÉe intelligemment La carrière de Saint-Porchaire, une commune voisine de l'exploitation de Daniel Seguin, lui fournit aussi de l'eau pour l'irrigation. L'excédent d'eau dans cette carrière provoquait parfois des crues dans le bassin du Bruant et gênait le travail d'extraction. La solution est venue de la DDAF, qui a demandé à quatre céréaliers de fermer leurs forages et de prendre l'excédent d'eau de la carrière. Le volume dont ils disposent ainsi est de 220 000 m3. Ce qui permet de réduire le niveau d'eau dans la carrière de 1,5 à 2 mètres en été, de maintenir son activité et d'éviter les crues du Bruant.

A Saint-Georges-des-Coteaux, Charente- Maritime u Surface257 hau AssolementMaïs : 130 ha Blé tendre : 4 ha Blé dur : 16 ha Orge : 38 ha Pomme de terre : 13,5 ha Tournesol : 23 ha Tournesol semence : 27 hau RendementsMaïs : 145 q/ha Blé dur : 84 q/ha Tournesol : 31 q/ha

u Evolution du produit pommes de terreuProduits par cultureMaïs : 1 899 €/ha Blé dur : 1 932 €/ha Blé tendre : 986 €/ha Orge de brasserie : 1 326 €/ha Tournesol : 914 €/ha Tournesol semence : 1 898 €/ha Pomme de terre : 7 936 €/hauProduit grandes cultures 380 000 €uProduit pommes de terre 101 000 €u Primes Pac100 000 €u Chiffre d'affaires581 000 €u EBE240 000 €u EBE/produit brut