« La bennette à l'avant du tracteur (photo de droite) puis les chaînes sur la charrue Jean-Michel enfouissent toute la moutarde au moment du labour », décrit Jean-Michel Sébastien.
Le coût« Le prix d'une bonne levée » • 5 à 6 kg par hectare de semences de moutarde (2,64 €/kg). • le coût d'un passage de rouleau. |
« Cela fait près de huit ans que j'implante de la moutarde devant mes betteraves, la seule culture de printemps de mon assolement. La réglementation sur les nitrates ne me tracasse donc pas vraiment », explique Jean-Michel Sébastien, à Ardelu (Eure-et-Loir).
Mais si l'exploitant trouve un intérêt agronomique aux cultures intermédiaires pièges à nitrates, il ne souhaite pas que ce soit une contrainte, car il est seul sur l'exploitation et n'a pas toujours le matériel adapté. Il a donc simplifié au maximum l'implantation et la destruction de la moutarde.
Il lui a fallu trouver un système qui permettait la levée de la moutarde, sans multiplier les passages. « A l'avant du tracteur, j'installe un semoir classique ou un distributeur Delimbe, décrit Jean-Michel Sébastien, et un déchaumeur à l'arrière. Je passe tout de même le rouleau pour donner toutes les chances à la graine d'être au contact du sol et éviter que ce dernier ne dessèche. »
Le choix de la moutarde blanche n'est pas un hasard car il estime que c'est un couvert facile à réussir. Il a aussi un effet antinématodes intéressant pour ses betteraves. « Je sème la variété Forum au début de septembre. Tardive à la floraison, la plante n'a pas le temps de fleurir. Elle n'est donc pas ligneuse, n'assèche pas le sol et, surtout, est plus facile à enfouir », ajoute-t-il.
Enfouir avec le labour
Toujours dans un souci de simplification, Jean-Michel Sébastien a testé plusieurs systèmes pour détruire la moutarde. Son broyeur ne faisant que 1,50 m de largeur et ne souhaitant pas investir dans du nouveau matériel, il a voulu profiter du labour pour enfouir ce couvert.
Il fallait donc trouver une solution pour coucher la moutarde dans le sens de l'avancement afin que la charrue puisse l'envelopper. « Dans un premier temps, j'ai installé à l'avant du tracteur un jeu de croskillettes monté sur un axe de manière à ce qu'il soit toujours de niveau, détaille Jean-Michel. Ça fonctionnait mieux en conditions sèches, ce qui est assez rare en novembre-décembre ! »
Au final, l'agriculteur utilise désormais une « bennette » fixée à l'avant du tracteur, qui couche la végéta- tion. Il complète cette installation par des chaînes attachées près des rasettes, de chaque côté de la charrue.
« Je me suis rendu compte que lorsque la moutarde est assez haute, la bennette suffit. En revanche, si la crucifère est basse, cela ne marche plus. Les chaînes prennent alors le relais et couchent les plantes juste avant que les rasettes n'entrent en action. De plus, la moutarde se décompose facilement. »
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Témoignage : JEAN-MICHEL DUFOUR, agriculteur à Toury (Eure-et-Loir)
« La moutarde est mélangée à l'engrais de fond »
«En théorie, je sais que les couverts ont des avantages agronomiques. Mais c'était jusqu'à présent plus simple pour moi de ne pas en implanter, car j'ai beaucoup de travail à cette période. J'ai donc commencé à semer de la moutarde l'an passé, avec la mise en application du quatrième programme d'action de la directive nitrates.Mon négoce, les Ets Echivard, communiquait depuis quelque temps sur la possibilité d'épandre la moutarde en même temps que l'engrais de fond afin de gagner du temps. Sans surcoût, si ce n'est le prix de la semence, ils m'ont donc proposé un mélange Super 45 (à 350 kg/ha) avec de la moutarde (à 5 kg/ha). Pour garantir une bonne répartition, j'ai épandu le mélange sur dix-huit mètres entre mes deux déchaumages habituels. Avec aucun passage supplémentaire, je constate que la répartition de la graine s'est faite de façon correcte. »