« Depuis cet été [2010], nous remplaçons le foin par de la paille dans la ration de toutes nos génisses prim'holsteins », expliquent André et Michel Danet, aux Fougerêts, dans le Morbihan.

 

Malgré un climat sec et des terres argileuses, ils sont habituellement autosuffisants en fourrages. Mais cette année, le compte n'y est pas. « Nous avons fermé le silo deux mois au lieu des trois espérés. Nous n'avons récolté que 56 balles de foin, contre 200 habituellement, et 3 tonnes d'ensilage d'herbe au lieu des 5 attendues. »

Quant à la paille, les deux frères ne comptent que 165 balles, alors qu'ils en avaient ramassé 350 en 2009.

Des rations remises à plat

André et Michel ont alors remis à plat toutes les rations du troupeau avec leur technicien de Breizh Bovins Croissance. Celle des 56 vaches change peu, puisque l'ensilage de maïs leur est réservé.

En revanche, les génisses sont désormais soumises à un tout autre régime. Adieu, ensilage et foin ! Désormais, elles sont à la paille (voir le tableau). « Nous n'en avions jamais utilisé dans la ration, elle servait uniquement à la litière, précise André. Nous distribuons de la paille de blé aux génisses. Nous avons aussi acheté de la paille d'orge, plus appétente. Les génisses la mangent bien, même s'il faut repousser plus souvent qu'avec du foin. »

La paille de triticale, plus dure, est destinée à la litière. André et Michel manquent encore de recul, mais ils ne sont pas inquiets. Les génisses de moins de six moistestent leur nouveau régime depuis deux mois. Les pesées réalisées en septembre étaient normales, avec des gains moyens quotidiens (GMQ) de 850 g par jour. Les élèves de six à quinze mois sont rentrées en bâtiments dès la mi-août.

« Il n'y avait rien à manger dans les pâtures et elles gâchaient la paille, précise Michel. Cette dernière tient mal dans les râteliers, elle a tendance à tomber par terre. »

Depuis, elles sont à la paille, avec une complémentation plus élevée qu'au foin : elles reçoivent 2,5 kg de blé en plus du concentré azoté. La pesée de septembre indiquait 900 g par jour de GMQ, « comme d'habitude ».

André et Michel visent des croissances élevées pendant l'hiver : « Nous ne jouons pas sur la croissance compensatrice au printemps, car les génisses ne disposent pas de surfaces suffisantes en pâtures. »

Les génisses de deux ans et les vaches sont encore au pâturage. « Actuellement, la pousse de l'herbe repart. Nous espérons les faire pâturer jusqu'en décembre. Nous comptons aussi sur le pâturage du printemps prochain. »

Prudents, André et Michel avaient acheté 300 balles de paille dès le mois d'août. Mais les stocks seront insuffisants pour passer l'été prochain. « De plus, nos besoins en complémentation vont augmenter. Nous serons contraints d'acheter davantage de concentrés. Nous avons pourtant conservé 30 tonnes de blé, au lieu des 20 tonnes habituelles. »

 

Complémentation en fonction de l'objectif

La complémentation dépend de l'objectif fixé. Pour un GMQ de 500-600 g/jour, il faut apporter entre 2 et 3 kg de concentrés. Pour un GMQ de 600-700 g/jour, l'apport doit être de 3 à 4 kg.

 

 

De la paille et des concentrés pour les génisses
  Hivers précédents Hiver prochain [2010]
Génisses sevrage-6 mois Foin + 3 kg d'aliment du commerce Paille + 3,5 kg d'aliment du commerce
Génisses 6-15 mois 3-4 kg de MS d'ensilage de maïs + 1,5 kg de tourteau de soja + foin Paille + 2,5 kg de blé + 1,5 kg de tourteau de soja
Génisses 15-26 mois 8 kg de MS d'ensilage de maïs + foin + 1,5 kg de tourteau de soja Paille + 2 kg de blé + 1,5 kg de tourteau de soja
Vaches laitières 8-9 kg de MS d'ensilage de maïs + 2-3 kg de MS d'ensilage d'herbe + foin + 0,5 kg de concentré azoté (tourteau de soja + et de colza) + complémentation individuelle au-delà de 25 l de lait 10-12 kg de MS d'ensilage de maïs + 2-3 kg de MS d'aliment fibreux (à base de luzerne ou de pulpe de betterave) + foin à volonté + 0,5 kg de concentré azoté + complémentation individuelle
L'apport d'une quantité plus élevée de concentrés dans la ration de paille implique deux distributions par jour, afin de limiter les risques d'acidose. En ration de foin, distribuer le correcteur azoté en une seule fois suffisait.