La pluie tombée depuis la fin d'août 2010 a fait reverdir les prairies. Mais cela ne rattrapera pas le trou creusé dans les stocks par la sécheresse estivale et un printemps froid. Dans pareil cas, la paille retrouve une place dans l'auge des troupeaux allaitants.

« Dans l'Orne, au moins deux éleveurs sur trois en utiliseront cet hiver, estime Patrick Cartoux, de la chambre d'agriculture. La paille peut remplacer une grande part des fourrages manquants selon l'importance du déficit fourrager de l'exploitation. »

Toutes les pailles font l'affaire à condition d'être récoltées sèches et stockées à l'abri des intempéries. Encombrantes et peu digestibles, elles restent pauvres en sucres solubles, en matières azotées, en minéraux et en vitamines.

Une complémentation en azote soluble et en glucides rapidement fermentescibles améliore leur digestibilité en nourrissant les micro-organismes du rumen. Elle peut prendre la forme d'aliments concentrés liquides, de céréales, de corn gluten feed, de drèches, de tourteaux de soja ou de colza.

La forme la plus pratique pour apporter les minéraux est le CMV enrichi en oligo-éléments et en soufre. Le rapport phosphore/calcium du CMV est ajusté en fonction des aliments associés à la paille.

 

 

Seulement pour les animaux à faibles besoins

« La paille complémentée avec du concentré convient comme fourrage principal aux animaux à faibles besoins, souligne Patrick Cartoux, comme les génisses de plus de quinze mois ou les vaches gestantes jusqu'au huitième mois rentrées en bon état corporel. Des essais ont montré que l'on peut en distribuer à de très jeunes génisses. Mais nous n'avons pas de références pour les allaitantes de moins d'un an. Mieux vaut donc leur réserver des foins de qualité pour garantir leur développement. »

Pour les vaches suitées, l'association avec du foin ou de l'ensilage s'impose (voir ci-dessus tableau). Les proportions dépendent du déficit, du coût des produits de remplacement et de la catégorie d'animaux.

« La paille est laissée en l'état à la disposition des animaux, insiste Patrick Cartoux. L'important est de saturer leur capacité d'ingestion. C'est indispensable pour que les animaux ne soient pas sous-alimentés et tiennent mieux le choc. La consommation est maximale lorsque la ration comporte autour de 25 % d'aliment concentré. En dessous, les micro-organismes du rumen manquent d'azote soluble. Leur activité est moins bonne. Au-delà de 30 %, le concentré se substitue à la paille. »

Lorsqu'une complémentation énergétique et azotée supplémentaire est nécessaire pour couvrir les besoins de production, l'important reste de ne pas pénaliser l'activité du rumen. Les céréales aplaties ou broyées grossièrement sont préférables à la farine. Et quand il y a de fortes quantités de concentrés, la pulpe de betterave ou le corn gluten feed aident à maintenir assez de fibres dans la ration.