Bernard Andriot boucle ses veaux avec des boucles électroniques.

 

Plus besoin de relever à la main le numéro de l'animal et son poids à chaque pesée. Lorsque le technicien de Bovins Croissance s'arrête chez Bernard Andriot, installé à Issy-l'Évêque, dans la Saône-et-Loire, les veaux n'ont qu'à monter dans son camion. Leurs numéros et leurs poids sont automatiquement enregistrés.

Depuis quatre ans, Bernard teste l'identification électronique au sein de son troupeau de 120 charolaises inscrites. Chaque année, il pose des puces à l'oreille des veaux nés. Le repère est en forme de porte-manteau comme les boucles conventionnelles que Bernard fixe toujours sur l'autre oreille. La puce est moulée dans la partie supérieure.

« Au départ, l'identifiant était en forme de bouton, se souvient-il. Mais cela posait de gros problèmes de lecture. Au champ, dès qu'un animal tournait la tête, je ne pouvais pas lire son numéro. »

La filière a donc retenu la forme porte-manteau. Par rapport à des repères classiques, Bernard ne constate pas plus de perte.

 

Photo de gauche – Identification. Depuis décembre 2006, Bernard Andriot boucle ses veaux avec des boucles électroniques. La pose n'est pas plus difficile que pour des repères conventionnels.

 

Photo de droite – Contention.  L'identification électronique n'exclut pas une bonne contention pour faciliter le chantier.

Des pesées en toute tranquillité 

Pour Bernard, cette nouvelle technologie trouve toute sa place dans les chantiers de pesée. Elle lui permet de gagner en temps et en fiabilité.

Depuis 2008, Bovins Croissance a équipé l'intérieur d'un camion avec un lecteur fixe et une bascule. L'animal monte par l'arrière du véhicule dans une cage de contention. En quelques secondes, il est pesé et le numéro de sa boucle est lu. Un bip sonore confirme la lecture. Ces deux informations sont transmises à un boîtier électronique, le coupleur (voir photo ci-dessous) qui les enregistre et les affiche sur un petit écran.

Pour les jeunes veaux, une porte a été aménagée pour les faire sortir sur le côté du camion. Sinon, l'animal fait marche arrière. « Désormais, le technicien n'a plus besoin d'être près de la bascule pour noter les poids et les numéros des bovins, il peut donc m'aider à faire avancer les animaux », note Bernard.

 

 

Photo de droite – Pesée. Le camion a été aménagé avec une bascule et un lecteur fixe sur la paroi de droite.

Photo de droite – Coupleur. Le numéro de l'animal et son poids sont automatiquement enregistrés dans un boîtier électronique.

La cage de contention est également équipée d'un cornadis pour bloquer l'animal et d'une porte latérale. L'éleveur peut donc en profiter pour réaliser un traitement. À la fin de la pesée, les données sont transférées à un ordinateur sans risque d'erreur. Le technicien de Bovins Croissance imprime la liste des animaux pesés avec leurs index, leurs poids et leur gain moyen quotidien.

« Comme le chantier est plus rapide, nous avons désormais du temps pour discuter de suite des résultats, constate Bernard. D'autant que sur son ordinateur, le technicien peut par exemple trier les génisses de deux ans en fonction du taureau utilisé. Cela permet d'affiner la sélection. »

En une heure, l'éleveur et le technicien pèsent tous les bovins de la stabulation de 87 places. Mais l'identification électronique ne fait pas tout. Comme pour tout chantier de pesée, une bonne contention est nécessaire.

« La vitesse d'avancée des bovins peut varier du simple ou double suivant les installations, estime-t-il. Dans mon bâtiment, les cases communiquent toutes avec un couloir. Pour la pesée, j'installe un parc devant la stabulation et je transfère les animaux de la première case dedans. Le camion de Bovins Croissance se gare le long de mon bâtiment. Je fais avancer les bovins dans le couloir jusqu'au camion. Une fois pesés, ils vont dans la case laissée vide. Ainsi, le débit est fluide et les animaux ne sont pas stressés. »

 

 

Éviter les risques d'erreur 

L'autre avantage de l'identification électronique, c'est la fiabilité des données. « Auparavant, il fallait que je lise le numéro de l'animal pour le donner au technicien qui le relevait sur une feuille papier avec le poids, se rappelle Bernard. Or immanquablement, il nous arrivait de nous tromper. Les données étaient ensuite ressaisies informatiquement et il pouvait de nouveau y avoir des erreurs. »

Désormais, plus rien n'est saisi à la main. Bovins Croissance transfère même directement les données dans Bovitel, le logiciel de suivi de troupeau de Bernard.

« Lorsqu'un acheteur me demande les performances et le pedigree d'un animal, j'ai toutes les informations en quelques clics, explique-t-il. Je n'ai qu'une page à imprimer. Le document récapitulatif comprend même la courbe de croissance entre 120 et 210 jours, ce qui est très parlant. »

Le but est aussi que le système fonctionne dans les deux sens, c'est-à-dire que les éleveurs qui le souhaitent puissent réaliser leurs pesées eux-mêmes et les transférer à Bovins Croissance.

Aujourd'hui, Bernard ne ferait pas machine arrière. Cet automne, il continuera l'identification électronique pour faciliter le suivi de performances de son troupeau.

 

 

Une démarche volontaire

 

Dès cet automne, les éleveurs qui le souhaitent pourront poser des boucles électroniques à leurs bovins. L'identifiant sera à fixer à l'oreille gauche des animaux avec une pince agréée par le fabricant. En cas de perte, l'éleveur doit le remplacer à l'identique. Son surcoût par rapport à une boucle conventionnelle est estimé à un euro par repère. La boucle conventionnelle reste obligatoire à l'oreille droite.

 

 

 

Expert : CHRISTOPHE FOUILLAND, de l'Etablissement départemental de la Saône-et-Loire

 

« Améliorer la productivité grâce à l'identification électronique »

Alors que la main-d'oeuvre se raréfie, l'identification électronique est un moyen de gagner en productivité, notamment en facilitant la pesée ou le tri des animaux. Pour limiter les coûts, il sera possible d'investir dans du matériel en Cuma comme des couloirs de tri ou des bascules.

L'expérimentation a permis de valider les boucles électroniques, il reste maintenant à revoir l'organisation dans les élevages autour de ce nouvel outil. C'est un peu comme lors de l'arrivée des balles rondes. Au départ, elles ont posé un problème. Il a fallu adapter le matériel et les bâtiments, maintenant personne ne ferait machine arrière.

En Bourgogne, 70 éleveurs ont participé à l'expérimentation au travers de projets sur la pesée par un technicien ou par l'éleveur avec lecteur fixe ou portatif. Nous avons constaté que le lecteur portatif est peu ergonomique et peu pratique. Je pense que ce sont les lecteurs fixes qui sont plus à même de se développer.