Travail du sol. Après le décompactage, qui remonte des mottes, le deuxième déchaumage affine la structure du sol (en médaillon) et peut permettre de venir à bout de certaines adventices. (Photo : GFA)
« Après la moisson de l'orge et surtout du blé, je n'ai qu'un créneau limité pour préparer les semis de colza », explique Jean-Paul Lesueur.
Depuis quinze ans, cette culture est chez lui, à Réveillon, dans l'Orne, en non-labour, car il obtient une structure plus fine et le sol garde mieux la fraîcheur dans ses sols hétérogènes à dominante argileuse.
Pour ne pas gêner le semis et la levée, les pailles de céréales sont coupées court et exportées. « Les résidus de culture ne consomment pas l'azote à l'automne et le colza en profite davantage, relève-t-il. J'évite aussi l'élongation. »
Affiner la structure
Avec le travail du sol, l'exploitant essaie d'obtenir une structure qui présente environ 80 % d'agrégats de la taille de la semence, « pour que le peu d'humidité présente suffise à faire lever les graines ».
Après la récolte des céréales à paille, il épand du compost de fumier de bovin (ou des farines de viande), qui apporte du phosphore et de l'azote.
Un premier déchaumage est réalisé grâce à un outil à disque complété par un rouleau à l'arrière. « Le but est d'incorporer le fumier mais aussi d'affiner une première fois la terre afin de favoriser la levée des mauvaises herbes, note Jean-Paul. Cette année, la stratégie n'a pas fonctionné car, depuis que l'orge a été battue, il n'a presque pas plu. »
Au début d'août, après les orges, et vers le 10 du mois en précédent blé, Jean-Paul décompacte ses parcelles pour que la crucifère se développe sans que son pivot ne rencontre d'obstacle.
Comme l'opération remonte des mottes, le déchaumeur à disques superficiels et les rouleaux sont de nouveau passés, suivis d'un rouleau Cambridge pour rappuyer le sol et créer des conditions idéales pour la levée des adventices.
Si la météo permet leur germination, il passe un herbicide total cinq à deux jours avant semis.
A partir du 25 août
« Dans la région, la date optimale pour semer est le 25 août, constate Jean-Paul. Avant cette date, le colza peut être trop développé avant l'hiver, avec des risques d'élongation de la tige. » Selon lui, il n'y a pas vraiment de problème jusqu'au 5 septembre. Après cette date, chaque jour fait perdre du potentiel.
« Sauf si les terres ne sont pas ressuyées, je sème, qu'il y ait ou pas eu de pluie, souligne Jean-Paul Lesueur. Une pluviométrie de 10 mm peut suffire à faire lever les colzas déjà implantés, si la préparation est correcte. »
Par expérience, il a remarqué que si l'on sème après une pluie de cet ordre, ça ne suffit souvent pas. En effet, à cette époque, l'évapotranspiration peut encore être importante.
L'exploitant utilise un semoir à céréales avec une roulette de rappui, pour un meilleur contact entre la graine et le sol.
Puis, sur ces terres argileuses, il roule après l'implantation pour affiner la structure et améliorer le contact. La densité est de 40 grains/m² pour les lignées, de 30 grains/m² pour les hybrides et le colza est placé entre 1 et 2 cm de profondeur pour profiter de l'humidité et lever de façon optimale.
Limaces : limiter leur apparitionL'exportation des pailles, le travail du sol ainsi que l'obtention d'une structure fine permettent de lutter en partie contre les limaces, qui nuisent au colza en conditions humides. |
Gérer les adventices avec les faux semisQuand la météo est au rendez-vous, les faux semis permettent notamment la levée des repousses de céréales et des bromes. « J'essaie de ne pas récolter les céréales trop vite pour avoir le moins de pertes possible, ce qui m'évite un passage d'antigraminées foliaire en septembre contre les repousses de céréales, affirme l'agriculteur. Ainsi, je préfère, pour lutter contre les vulpins résistants aux fops, passer en novembre un herbicide racinaire (Kerb Flo), qui appartient à une famille différente. » |