Le 1er juillet était organisée à Tagnon, dans les Ardennes, une démonstration de récupération de menues pailles. Pas moins de cinq moissonneuses-batteuses de marques différentes étaient en action dans la parcelle de présentation. Mais plus qu'une simple démonstration de matériels, cette journée avait pour but de mettre en relation les agriculteurs avec des acteurs de la filière menues pailles. Voici un petit florilège des témoignages de ces derniers.
Du méthane à partir de menues pailles
Le Gaec Oudet est installé à Clavy-Warby, dans les Ardennes. Précurseur de la méthanisation en France, ce dernier a recours aux menues pailles depuis un an. « Nous les utilisons pour pailler les logettes de notre élevage bovin. Mélangées par la suite au lisier de l'élevage, l'ensemble est injecté dans le méthaniseur », précise Antoine Oudet, membre du Gaec. L'utilisation de menues pailles en méthanisation présente un réel intérêt. En effet, ces dernières possèdent un excellent pouvoir méthanogène. À titre de comparaison, une tonne d'ensilage de maïs énergicole (système allemand) dégage 80 m3 de gaz, contre le triple pour les menues pailles. Une tonne de menues pailles de blé dégage 210 m3 de gaz et une tonne de menues pailles d'avoine dégage 260 m3. « De plus, la fonction d'engrais du digestat s'en trouve améliorée. Ainsi, la dose d'azote apportée augmente de 5 % à volume équivalent, ce qui permet de faire des économies d'intrants », complète l'agriculteur.Christophe Dupuit est l'un des premiers agriculteurs à avoir utilisé le récupérateur. « Je suis équipé depuis 2006, rapporte-t-il. Le but était de récupérer les menues pailles pour les utiliser en litière dans les poulaillers de mon neveu Boris. » Et ce dernier de nous préciser : « Je cherchais un substitut à la sciure, dont le prix grimpait en flèche. La valorisation des menues pailles est alors apparue comme une évidence. »
« Des économies d'herbicide »
Il est vrai que, là aussi, la menue paille présente des avantages. « La présence de graines au milieu des écorces de céréales incite les poulets à gratter la litière, ce qui l'homogénéise, souligne Boris. Et cette litière retournée en permanence par les volailles donne un fumier beaucoup plus régulier. »De son côté, Christophe Dupuit apprécie les économies d'herbicide réalisées. « Depuis que j'utilise le récupérateur, je n'en applique plus pour implanter mes luzernes », rappelle-t-il. Et lorsqu'on lui parle de la perte de temps qu'entraîne cette technique, voici sa réponse : « La récupération des menues pailles a peu d'impact sur le rendement journalier. En effet, en vidangeant en temps masqué lors des demi-tours en bout de parcelle, nous perdons au maximum 1 ha/jour par rapport à une cadence normale d'une vingtaine d'hectares par jour. »
De l'électricité à l'échelle industrielleLa coopérative Champagne céréales était également présente lors de cet après-midi de démonstration. Outre les intérêts environnementaux du système, les représentants de la coopérative sont revenus sur les débouchés possibles de la filière. La transformation en briquettes pour le chauffage a ainsi été abordée. Autre débouché possible évoqué, la cogénération, à l'image de la future usine du consortium C5D, dont Champagne céréales est un des acteurs. Cette infrastructure produira de l'électricité et de la vapeur à partir de 200 000 t annuelles de biomasse, dont 75 % de pailles et dérivés tels que les menues pailles ou les issues de silos (déchets de triage...). L'utilisation de ces dérivés s'inscrit dans l'optique de prise en compte des besoins en paille des éleveurs afin d'éviter tout changement d'affectation de cette dernière. |