Pourquoi les Allemands n'ont-ils pas fait la grève du lait ? Comment tiennent-ils avec un prix du lait inférieur de 40 €/1 000 l ? Reçoivent-ils des aides ?
Ces questions, les producteurs se les sont posées tout l'hiver. Une délégation de producteurs de la FRSEA Ouest (Bretagne et Pays de la Loire) s'est rendue dans le nord et l'est de l'Allemagne il y a quinze jours pour voir comment leurs voisins faisaient.
« Avec un coût d'équilibre à 0,25 €/l (main-d'oeuvre comprise) dans les exploitations visitées, ceux qui ont fait le choix d'affronter la crise ont joué l'efficacité économique. Les autres ont vendu leur quota », a expliqué Serge Le Doaré, de la FDSEA du Finistère, lors d'une Journée laitière, le 15 juin à Lopérec.
Les Allemands disposent d'avantages compétitifs. Surtout, ils ont choisi d'augmenter la production pour diluer leurs charges. Principale préoccupation de la filière : savoir comment seront valorisés les volumes supplémentaires avant même de fixer le prix du lait. Celui-ci, très réactif, est descendu très bas l'été dernier (218 €/1 000 l à la coopérative Nordmilch), avant de remonter depuis cet hiver (280 €/1 000 l en mai, toujours chez Nord-milch). Il a permis aux industriels allemands de conquérir des marchés.
Réagir à temps
Face à cette stratégie, « la France doit exprimer son potentiel laitier pour optimiser les outils sans avoir à investir », estime Franck Guéhennec, président de la section lait de la FRSEA. Il s'agit de ne pas renouveler l'erreur de 2008 en réagissant trop tard. « Nous attendons l'annonce d'un taux d'allocation provisoire de 5 % très rapidement (lors du Conseil lait de FranceAgriMer le 24 juin), et nous souhaitons que ce taux soit revu dès septembre », réclame François Plougastel, de la FDSEA.
AvantagesLes Allemands bénéficient d'un régime de succession favorable au repreneur, et d'un système de TVA avantageux qui s'apparente à une subvention à la valeur ajoutée (13 €/1 000 l). Ils ont investi dans des unités de biogaz qui leur assurent un complément de revenu. Enfin, le coût de la maind'oeuvre est moins élevé, et les contraintes environnementales moins sévères. |