La vente directe des céréales est interdite. Cependant, des possibilités existent pour approvisionner des éleveurs. Jacques Semenou a choisi de passer par Grains d'Oc, une filiale de l'union des Cetas Agro d'Oc agréée comme organisme collecteur. Il gère :
• la recherche des clients,
• la négociation du prix et l'expédition,
• s'acquitte des taxes parafiscales par l'intermédiaire de Grains d'Oc.
« J'apprécie de suivre la commercialisation jusqu'au bout. Je stocke à la ferme et je suis équipé pour le séchage à basse température du maïs. J'ai constitué peu à peu un réseau de clients éleveurs. Aujourd'hui, je leur vends toute notre production de maïs, de blé tendre et de protéagineux », explique Jacques Semenou, de la SCEA Malaprade, qui cultive 350 ha dans le Tarn.
La plupart des éleveurs sont installés dans la région, quelques-uns viennent d'Espagne. Certains prennent un camion par an, d'autres un par semaine.
« J'adapte le séchage du maïs à leurs besoins et je leur garantis une disponibilité toute l'année dans les variétés qui leur conviennent. Je les fidélise par ce service sur mesure, mais aussi par un prix intéressant dans la durée. Suivant les périodes, je suis au-dessus ou en dessous du marché, mais en moyenne, j'arrive à dégager une petite marge supplémentaire que je partage avec eux », affirme-t-il.
Des prix plus réguliers
« Je vends toute mon orge et un tiers de mon blé tendre à une trentaine d'éleveurs, dans un rayon de 150 km, explique un autre adhérent d'Agro d'Oc installé en bio. Certains n'ont pas de terres adaptées aux céréales, d'autres préfèrent déléguer leur culture. »
S'il livrait son orge à une coopérative, il toucherait 220 €/t (prix bio NDLR).
L'éleveur, lui, payerait 320 €/t pour s'y approvisionner.
« Je me place entre ces deux prix pour déterminer mon tarif, en tenant compte des frais de stockage et du fait que je ne suis pas payé en une fois, mais en plusieurs », précise ce céréalier. Il améliore sa marge. Ses clients réduisent leurs coûts. Ils viennent chercher à leur rythme le nombre de big-bags dont ils ont besoin et bénéficient de prix réguliers. « En 2008, quand les cours ont flambé, je n'ai pas répercuté la hausse », affirme-t-il.
Les céréales, une fois transformées à la ferme, peuvent être commercialisées en direct. « Nous sommes équipés d'une fabrique d'aliments pour nos volailles et nous produisons une quinzaine de tonnes en plus pour des voisins éleveurs. Cela nous aide à amortir l'installation », explique un autre céréalier. Lui aussi pratique des prix réguliers.
En 2008, il vendait un mélange de blé, de maïs et de pois en farine à 200 €/t, un tarif que ses clients ont apprécié. Aujourd'hui, ils continuent à s'approvisionner pratiquement au même prix. « Nous aurions de la demande pour plus de volume. Mais, nous ne pouvons pas aller au-delà de la capacité de notre équipement. »
Les céréales : une commercialisation très encadréeLes céréales ne peuvent être vendues qu'à un organisme collecteur agréé. L'expédition peut se faire depuis la ferme, mais la facturation et le versement des taxes parafiscales doivent passer par l'organisme collecteur. Une tolérance existe pour les céréales secondaires. Elles peuvent être vendues à d'autres agriculteurs en franchise de taxes, mais avec un maximum de 500 kg par transport et dans une zone délimitée. Pour l'orge et le maïs, il s'agit de la commune de production et des communes limitrophes et, pour l'avoine, le seigle et le triticale, il s'agit du département et des cantons limitrophes de celui-ci. Pour les fourrages, en revanche, il n'y a pas de contraintes particulières. |
Fourrages : des échanges intéressantsDes céréaliers bio intègrent de la luzerne dans leur rotation et la vendent à des éleveurs, souvent à un prix réduit en échange du travail de récolte pour lequel ils ne sont pas équipés. D'autres en cultivent pour la semence et font de même avec la première coupe, nécessaire avant la montée à graine. |