« Remplacer mon installation de stockage était indispensable pour développer mon activité, explique Xavier Marchal, polyculteur-éleveur à Réchicourt-la-Petite (Meurthe-et-Moselle). J'ai besoin d'un dispositif fonctionnel et capable de stocker mes récoltes. Il doit limiter au maximum les interventions humaines lors des remplissages et des vidanges des cellules. »
L'agriculteur a opté pour l'autoconstruction afin de réaliser des économies. « Je les estime à 63.400 euros », calcule-t-il.
Xavier cultive 175 ha en Scop et 30 ha d'herbe sur lesquels paissent ses 210 brebis. En 2006, le précédent bâtiment de stockage se révèle trop exigu et peu pratique. Dans le même temps, il souhaite agrandir son troupeau ovin.
« J'ai décidé de construire une nouvelle installation de A à Z. L'ancien bâtiment accueille les besoins supplémentaires en réserve de fourrage et du matériel », détaille-t-il.
La nouvelle infrastructure mesure 28 m de longueur sur 14,4 m de largeur. La hauteur de la porte s'élève à 6 m, de façon à accueillir tous types de poids lourds. Sept cellules Privé se répartissent sur deux rangées.
« J'ai choisi les cellules et abandonné les silos plats pour améliorer la qualité de stockage », précise Xavier Marchal. La toiture et les ouvertures bardées protègent les grains des intempéries et des oiseaux. Pleines, les cellules contiennent 12.000 quintaux de blé.
Manutention économe
Pour la manutention des grains, l'éleveur a dû composer avec les limites de son compteur électrique : « Les moteurs des vis, élévateurs et autres convoyeurs ne devaient pas dépasser une puissance cumulée de 18 kW. J'ai donc dimensionné ces équipements en conséquence. »
Une fois les grains vidés dans une fosse, une vis puis un élévateur les conduisent dans un séparateur. Un élévateur les achemine ensuite jusqu'à une bande transporteuse en caoutchouc. « Cet équipement consomme peu d'électricité et évite les mélanges de grains », apprécie l'agriculteur.
Une tête de distribution et des glissières « maison » guident les grains dans les cellules à cône inversé. Des vis, des redlers et un élévateur alimentent le boisseau de fabrication artisanale. Le débit des grains atteint 300 q/h en entrée et en sortie de circuit.
Une fois le boisseau préparé, le remplissage d'un camion dure cinq minutes. Des pesons placés sous les pieds du boisseau sont reliés à une armoire informatique. L'automate arrête le remplissage lorsque le poids demandé est livré.
Un réseau de gaines centralise la ventilation. Un ventilateur de 8.000 m³/h crée le flux d'air et des vannes le dirigent dans les cellules où la ventilation est nécessaire.
Organisation millimétrée
Construire une telle installation demande beaucoup de travail : « 3.300 heures pour une personne », chiffre Xavier. « J'ai réalisé les plans de mon installation en 2006, poursuit-il. J'ai débuté les travaux en février 2007, avec l'obligation d'achever une rangée de cellules pour la moisson suivante. »
Pour gagner cette course contre la montre, il s'équipe. Un laser rotatif, une plaque et une aiguille vibrantes, une lisseuse mécanique et une boulonneuse électrique arrivent dans son parc matériel. Xavier Marchal achète ces outils car ils lui servent à d'autres travaux et il les loue à des voisins.
Une pelleteuse et une minipelle, déjà présentes dans l'exploitation, s'avèrent utiles. Terrassement, maçonnerie, pose des circuits électriques, installation des cellules et des équipements de manutention, Xavier a tout fait, parfois aidé par des collègues, des amis et sa famille.Seule l'ossature métallique du bâtiment a été érigée par un professionnel.
L'agriculteur n'a pas rencontré de difficulté majeure pour édifier l'ouvrage. « Grâce à une bonne préparation en amont et en anticipant toutes les étapes », analyse-t-il.
L'installation est entièrement fonctionnelle pour la moisson de 2008. « Cela fait deux campagnes que l'outil de stockage tourne à plein régime. Il est fonctionnel et simplifie le travail. L'installation étant autonome, deux personnes suffisent pour la moisson », apprécie Xavier.
« Cerise sur le gâteau, l'installation me permet de gérer la commercialisation des mes récoltes de manière indépendante », conclut-il.
Le projet en chiffres• 3.300 heures de travail • 110 m³ de béton • 27.000 boulons posés dans les cellules • Investissement : 163.000 € • Prix de revient estimé sur 25 ans (hors fonctionnement) : 0,25 €/q/an |