1. Croissance : un retard avant six mois ne se rattrape pas

Les éleveurs craignent souvent qu'une forte croissance ne favorise le dépôt de gras sur la mamelle.

« Pas du tout, répond Alex Bach, chercheur à l'institut de recherche agroalimentaire espagnol Irta. Une croissance jusqu'à 1,2 ou 1,4 kg/j pendant les 65 premiers jours ne sont pas préjudiciables à la future carrière de la génisse.

Au contraire, la production laitière gagne 500 kg en première lactation pour chaque 500 g/j d'augmentation du GMQ au début la de vie de l'animal.

Les effets négatifs d'un GMQ élevé seraient davantage liés au type de ration utilisée qu'à la croissance elle-même. » Gare donc à l'énergie.

Conséquence : « Dans les stratégies économes, il est désormais moins question de croissance compensatrice, souligne Guylaine Trou, chargée d'étude sur les génisses aux chambres d'agriculture de la Bretagne. La stratégie du vêlage précoce peut être bien plus efficace d'un point de vue technico-économique. »

2. Plan d'alimentation : stimuler la consommation

Faire boire 4,5 l d'eau pour 1 kg d'aliment de premier âge stimule la consommation du concentré. Même chose avec la paille, qui aide à installer la rumination.

Après sevrage, en complément du pâturage et des fourrages, il est possible d'utiliser des rations fermières ou des aliments achetés. Le choix dépendra des aliments et du temps de travail disponibles sur l'exploitation.

Les recommandations de l'Inra sont aujourd'hui de 80 à 100 g de PDI/UFL sur la période « 6 mois-vêlage ». Les formules proposées par les firmes peuvent atteindre 110 g de PDI afin d'assurer une croissance musculaire élevée. La ferme des Trinottières analysera prochainement l'effet de ce taux sur la croissance et les rejets azotés.

3. Aliment du commerce : technique mais économe

Le surcoût d'un aliment de premier âge floconné ne se justifie pas si les conditions d'hygiène et d'appétence sont apportées par l'aliment granulé.

« Nous proposons un bouchon de 10 mm, moins cher à produire que le floconné », indique Bertrand Bourmaud, d'InVivo NSA.

« Attention à la composition du granulé, à son appétence pour inciter l'animal à en consommer le plus tôt possible, et à sa sécurisation, notamment en fibres », tempère Philippe Laulhé, d'Inzo.

 

Longévité : une question de poids

Les génisses les plus lourdes à six mois sont également celles qui affichent la meilleure longévité :

- 38 % de celles pesant plus de 200 kg à six mois sont encore présentes en troisième lactation,

- contre 36 % de celles entre 185 et 200 kg,

- et 27 % pour celles de moins de 165 kg,

constate Inzo via son outil de suivi d'élevage, Lactoplan.

 

 

Un sevrage précoce est tout à fait possible

Les génisses sont en général sevrées après huit semaines d'âge, voire à neuf ou dix. Or l'Inra recommande un apport de produits laitiers jusqu'à cinq semaines au minimum.

Il existe donc une source potentielle d'économie en rajeunissant l'âge au sevrage, les aliments d'allaitement étant plus coûteux que les concentrés.

« En avançant de deux semaines l'âge du sevrage, il est possible d'économiser jusqu'à 800 € sur la période de zéro à trois mois dans un élevage de cinquante vaches, avec un taux de renouvellement de 35 %, indique Jean-Philippe Rousseau, de Sanders. Depuis deux ans, nous appliquons ce programme dans notre centre de recherches de Sourches, dans la Sarthe. Les génisses atteignent 223 kg à six mois. »

« Pour sevrer le veau, il faut qu'il ait au moins doublé son poids de naissance et qu'il ingère suffisamment de fourrages et de concentré, soit l'équivalent de 2 UF, confirme Guylaine Trou, des chambres d'agriculture de la Bretagne. Si sa panse est bien développée, il est tout à fait possible de le sevrer à 6 semaines. »