« Je n'ai plus besoin de dérouler les bottes rondes dans le couloir d'alimentation des broutards, se réjouit Emmanuel Moquet, qui est à la tête d'un troupeau de deux cent dix charolaises à Fours, dans la Nièvre. J'y passais trop de temps, ainsi qu'à balayer tous les jours avant de distribuer l'aliment complémentaire au même endroit, le matin. J'ai donc imaginé et construit des râteliers que j'approvisionne une fois par semaine, le vendredi. »

 

 

Fait maison. Emmanuel Moquet (à gauche), ici avec Aurélien Ternus, son stagiaire, a conçu et construit lui-même deux toboggans pour approvisionner en foin les râteliers situés en fond de case.

Seulement, ces râteliers sont disposés le long des séparations entre les cases qui abritent chacune une trentaine d'animaux. Et l'espace disponible n'est pas suffisant pour les remplir depuis le couloir d'alimentation avec un tracteur. C'est pourquoi Emmanuel a conçu des toboggans escamotables.

Matériel de récupération et huile de coude

Les râteliers sont installés dans la stabulation servant à l'hivernage des broutards, qui seront finis en taurillons d'herbe à 18 mois l'année suivante. Ils ont été fabriqués à l'aide de glissières d'autoroute usagées. Ils mesurent 4 m de longueur et 1,80 m de largeur, de quoi disposer deux balles rondes, soit 570 kg de foin.

C'est aussi avec du matériel de récupération et des heures de soudure qu'Emmanuel a construit ses toboggans. Le châssis est constitué de barres de fer en « I » de 120 mm. Un treuil tire et maintient l'appareil en position haute lorsqu'il n'est plus utilisé. Le prix de revient est estimé à 300 € par toboggan.

 

Descente. La botte posée sur le toboggan roule dans des ridelles de 1,40 m de largeur, assurant une descente droite jusqu'au fond du râtelier.

 

 

Encombrement. Relevé grâce à un treuil, le toboggan en position replié libère le passage dans l'allée.

 

Comment ça marche ? Première étape, à l'aide d'un treuil, Emmanuel déplie le toboggan. Celui-ci pivote autour d'un axe fixé à des poteaux en béton, scellés au sol dans la case des broutards. Le pied du toboggan se met en place dans le couloir d'alimentation.

Puis, depuis l'allée centrale, Emmanuel dépose la botte avec la fourche du tracteur. Ensuite, il se repositionne et soulève le toboggan. Le pied qui lui sert d'assise bascule, laissant la botte avancer. Guidée par deux ridelles distantes de 1,40 m, elle roule jusque dans le râtelier. Une fois la seconde botte déchargée, il reste à relever le toboggan avec le treuil. Il retrouve sa position d'origine à 1,70 m du sol au-dessus des barres au garrot.

 

Deux systèmes d'affourragement

Dans la stabulation libre qui accueille les vaches allaitantes, les râteliers à foin sont situés en fond de case. Ils sont approvisionnés avec le tracteur depuis l'extérieur grâce à des portes coulissantes. Ces dernières ont été prévues lors de la conception du bâtiment en 2005.

La stabulation libre où sont logés les broutards est plus ancienne. Bâtie en 1998, elle est accolée à une ancienne étable sur un terrain en pente. Elle a été conçue avec un couloir d'alimentation équipé de barres au garrot en guise de cornadis. Empierrer l'arrière du bâtiment pour faire passer le tracteur, enlever le bardage et construire des portes pour remplir les râteliers à foin par le fond de la case aurait été une formule beaucoup plus onéreuse que les toboggans.