La destruction par voie chimique d'un couvert a ses avantages. Cette solution, dont le coût est estimé à 22 €/ha, reste la plus souple en termes de fenêtre d'intervention. Elle permet un rendement de chantier (de l'ordre de 10 ha/h, temps de remplissage et de rinçage inclus) nettement supérieur aux autres techniques.
Le «hic», c'est que le recours au glyphosate peut être interdit par arrêté préfectoral dans le cadre du quatrième programme d'action contre les fuites de nitrates. Des techniques comme le roulage, le scalpage ou le déchiquetage se posent donc en alternatives.
Leur utilisation doit être raisonnée selon la nature des sols et le type de couvert implanté. Toute destruction devra être effectuée au moins un mois avant le semis suivant, notamment pour la moutarde, afin d'éviter tout effet dépressif.
Roulage: simple mais souvent insuffisant
Le roulage des cultures intermédiaires consiste en un passage d'un rouleau lourd sur le couvert par temps de gel, et cela dans le but d'accroître les effets du froid sur la plante en causant des déchirures au niveau des tissus. Cette technique originaire de l'Amérique du Sud se veut économique.
Pour réaliser cette opération, l'agriculteur peut choisir entre différents types de rouleaux allant des classiques Cultipaker et Cambridge au Rolo-Faca spécialement développé pour cette opération. Ce dernier se présente sous la forme d'un rouleau de 80 à 90 cm de diamètre sur lequel sont placées, tous les 15 à 25 cm, des lames qui assurent une compression et un éclatement des tiges.
Quel que soit le type de rouleau, l'efficacité de l'opération reste très variable selon le couvert. De plus, il a été démontré que le roulage seul était rarement efficace à 100%. Il doit donc être considéré comme un amplificateur de l'action du gel plutôt qu'un moyen de destruction au sens strict.
Scalpage: résultats homogènes
Ce type de destruction peut être réalisé de deux façons. La première consiste à équiper un déchaumeur à dents de socs triangulaires plats. L'outil évolue ensuite à 2 cm de profondeur pour découper les plantes entre le collet et les racines. Un équipement arrière comme le rouleau ou la herse-peigne assure ensuite le contact ou le mélange de la terre et des résidus pour assurer une bonne décomposition.
La deuxième façon de scalper est l'utilisation d'un outil de type Glyph'O-mulch, qui travaille juste sous la surface du sol afin de limiter le phénomène de ré-enracinement. Il se compose de modules comprenant un disque trancheur et une dent à lames en V (de type patte d'oie).
Les modules d'un mètre se recroisent pour un travail sur toute la largeur de l'appareil. Ils sont suivis d'un rotor animé mécaniquement ou hydrauliquement qui projette la végétation vers l'arrière pour la séparer de la terre et éviter ainsi toute possibilité de ré-enracinement.
La méthode du scalpage offre un bon résultat dans la majorité des couverts et a l'avantage de pouvoir être pratiquée en l'absence de gel. Néanmoins, elle nécessite d'intervenir assez tôt et dans de bonnes conditions (sol ressuyé et temps séchant). Dans le cas contraire, les lames peuvent provoquer un lissage (surtout lorsque les conditions sont limitatives).
Déchiquetage: des outils polyvalents
Une autre manière de détruire un couvert végétal est de le déchiqueter. Pour cela, deux types d'outils peuvent être utilisés. Le premier est le déchaumeur à disques indépendants et le second les bêches roulantes.
Ces appareils procurent un découpage successif et un déracinement du couvert. Ils réalisent en complément un bon mélange des résidus et de la terre. Tout comme les appareils de scalpage, ce type d'outils peut travailler en dehors de la période de gel. Le risque de lissage du sol est cette fois réduit. Cependant, le faible poids de certains modèles peut limiter leur pénétration dans les sols à consistance dure.
Enfin, le coût d'achat de ces appareils peut présenter un frein mais il reste à étudier du fait d'une utilisation possible en déchaumage.
Cipan: restitution d'azoteL'interculture peut absorber de 60 à 85 u/ha d'azote. La destruction mécanique minéralise de 50 à 75% de cet azote pour le restituer à la culture suivante. La facture en engrais minéral s'en trouve alors allégée de 34 à 52 €/ha (de 40 à 60 u/ha d'azote à 0,85 € par unité épandue). |
Trois solutions en fonction du sol et du couvert
1. Roulage:
- Où: en couvert bien développé.
- Débit: 3 ha/h pour un outil de 8 mètres.
- Coût: 15 €/ha.
- Avantages: économique, simplicité de mise en oeuvre, entretien minimal de l'outil.
- Inconvénients: efficacité variable, problèmes de tassement dans certaines situations.
2. Scalpage:
- Où: tous couverts en sol ressuyé.
- Débit: 4 ou 5 ha/h pour une largeur de 4 mètres et selon le type d'outil.
- Coût: entre 20 et 25 €/ha.
- Avantages: résultats homogènes quel que soit le type de couvert.
- Inconvénients: risque de lissage du sol dans des conditions humides, bouleversement du premier horizon en semis direct.
3. Déchiquetage:
- Où: tous couverts et tous types de sol.
- Débit: 3 ha/h pour un outil de 4 mètres.
- Coût: de 18 à 20 €/ha.
- Avantages: mélange terre et débris végétaux, risque de lissage du sol limité.
- Inconvénients: coût d'achat, risque de bourrage dans certains cas, bouleversement du premier horizon en semis direct.
Broyage: bien pour la moutardeUtilisé comme alternative aux effets du gel, le broyage procure une bonne fragmentation des résidus et possède une fenêtre climatique assez large, à condition que le sol soit suffisamment portant. Le broyage est généralement employé dans la destruction des couverts végétaux en association avec un travail du sol pour enfouir les résidus. Si la moutarde est l'espèce qui se détruit le mieux par cette action, il n'en va pas de même pour les couverts à port rampant de type vesce... ou les repousses. Enfin, des arrêtés préfectoraux peuvent limiter le recours à cette méthode, notamment dans un but de protection de la faune sauvage. |
Témoignage: BENOÎT SAGET, de Cossé-le-Vivien, dans la Mayenne «La destruction au Rolo-Faca est efficace si le couvert est bien développé»
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La première utilisation du Rolo-Faca sur l'exploitation de Benoît Saget remonte à 2006. «Au départ, j'ai effectué une bande d'un demi-hectare de mélange de phacélie, sarrasin, tournesol et moutarde. J'ai utilisé l'outil à l'automne, combiné à mon semoir de semis direct.»
Utilisé lors des implantations de blé, l'action du Rolo-Faca a ensuite été complétée par celle du gel. «Les résultats ont été concluants et, depuis cette époque, j'utilise cet outil tous les ans. Néanmoins, pour être pleinement efficace, il faut que le couvert soit à un stade suffisamment avancé.»
L'agriculteur utilise une dose minimale de glyphosate pour contrôler les adventices qui peuvent se développer sous le couvert. «Supprimer purement et simplement le passage du glyphosate est une fausse bonne idée car, dans ce cas, il faudra remplacer cette intervention par un herbicide de postsemis dans la culture suivante. Il vaut donc mieux raisonner intelligemment l'utilisation de ce désherbant en utilisant des techniques alternatives comme le Rolo-Faca.»