«Les semis de plus en plus précoces imposent un désherbage particulièrement soigné, l'installation du maïs étant plus progressive, souligne Jean-Paul Renoux, responsable national maïs chez Arvalis. Mais, de manière générale, ce poste n'a pas posé de problème cette année.»

Les programmes de désherbage ont globalement bénéficié de conditions climatiques favorables, avec des températures confortables, une hygrométrie correcte et d'assez larges fenêtres d'intervention. Le coût moyen du désherbage est resté sensiblement égal à celui de 2008, entre 60 et 65 €/ha selon les ingénieurs régionaux d'Arvalis.

«Nous avons aujourd'hui les outils pour contrôler les adventices, estime Jean Molines, ingénieur développement en région Sud-Est. Plusieurs molécules issues de familles chimiques différentes sont utilisables en maïs. Et la combinaison des différentes familles améliore l'efficacité. Mais aucun produit ne présente la persistance d'action ou la rémanence qu'avait l'atrazine. Les spécialités disponibles permettent un bon contrôle des adventices pendant la levée du maïs, ce qui est essentiel car c'est à ce moment que la concurrence avec la culture s'exerce le plus fortement. Mais la finition est moins bonne, permettant souvent des levées tardives d'adventices. Ce qui entraîne un risque de montée à graine et de resalissement...»

Après quelques campagnes plutôt mornes, 2009 a enregistré une vague de nouvelles homologations. Arvalis a testé quatorze spécialités qui enrichiront le catalogue en 2010 (voir tableau). Trois nouvelles molécules arrivent sur le marché. Il s'agit de la tembotrione (Bayer), de la pethoxamide (Cheminova) et du tritosulfuron (BASF).

Nouvelles molécules

«La tembotrione a un spectre renforcé par rapport aux autres tricétones, présente Béatrice Charnay, chef de marché chez Bayer Cropscience. Sa rapidité d'action (cinq à sept jours) et sa sélectivité importante sont deux de ses points forts. Auxo, qui associe la tembotrione au bromoxynil, permet de contrôler à la fois les dicotylédones classiques et la flore émergente, plus difficile à détruire (renouées, mercuriales...). Il présente un vrai atout sur les situations complexes, aujourd'hui principalement contrôlées par des mélanges.»

Selon Arvalis, ce produit à large spectre est particulièrement intéressant sur la nouvelle flore du maïs, tout en agissant sur les adventices classiques. Il sera généralement associé à un antigraminées de type nicosulfuron et nécessite un adjuvant.

« Biathlon, formulé à base de tritosulfuron, cible en priorité les adventices qui montent en puissance telles que les renouées, les mercuriales, le liseron ou l'ambroisie », indique Aude Toulouse, responsable marketing maïs chez BASF agro.

Cette spécialité s'utilise en association avec un mélange de sulfonylurée et de tricétone pour compléter le spectre sur dicotylédones.

En ciblant les graminées, Cheminova innove sur un créneau qui n'a pas vu arriver de nouvelles molécules depuis 2000, comme le souligne Gwenaël Champroux, directeur technique et développement chez Cheminova.

«La pethoxamide utilisée dans Successor 600 est utilisable en prélevée et jusqu'au stade 6 feuilles du maïs. Elle agit par absorption dans les racines et les coléoptiles. Un complément antidicotylédones est conseillé.»

D'autres innovations se distinguent. BASF propose de la pendiméthaline microencapsulée dans Atic Aqua. Dakota-P, toujours chez BASF, associe deux matières actives (dmta-p et pendiméthaline) auparavant exploitées isolément.

De son côté, Syngenta ressort le prosulfuron (l'un des principes actifs d'Eclat, retiré du marché) avec Peak et Casper (associé au dicamba dans ce dernier). Une autre évolution importante résulte de l'arrivée dans le domaine public de deux molécules: le nicosulfuron et la sulcotrione.

Développement de génériques

L'arrivée de génériques pourrait faire émerger une offre plus compétitive pour les agriculteurs.

«Nous avons testé Nemo, Ritmic, Milagro Extra OD et Pampa Premium OD, formulés à base de nicosulfuron, indique Valérie Bibard, spécialiste des herbicides maïs chez Arvalis. A grammage équivalent de matière active, ces produits présentent une efficacité comparable. Les génériques Shado et Diode, à base de sulcotrione, sont pour leur part équivalents à Mikado (produit de référence).»

Globalement, les agriculteurs disposent d'une belle palette de produits. «Mais il faut également une hygrométrie suffisante, des stades d'adventices favorables et des parcelles praticables», souligne Valérie Bibard.

 

 

 

La flore adventice se complexifie

Depuis plusieurs années, les ingénieurs régionaux d'Arvalis constatent une évolution importante de la flore adventice. Le décalage du cycle du maïs, avec des semis de plus en plus précoces, favorise certaines adventices traditionnelles des céréales.

A côté du cortège classique, constitué principalement d'espèces estivales (chénopodes, amarantes, graminées estivales...), des espèces de sortie d'hiver font leur apparition dans les parcelles de maïs. Cette flore émergente se compose notamment de véroniques, stellaires, pâturins, renouées liseron ou encore renouées des oiseaux...

Françoise Baubet, rapporteuse nationale de la Protection des végétaux sur la flore adventice du maïs, note également l'émergence de problèmes plus ponctuels dans certaines régions. Ils se nomment datura, abutilon ou xanthium et sont originaires d'Amérique, d'Asie ou de régions tropicales.

Ces espèces étrangères arrivent en France par le biais des échanges internationaux. Leur montée en puissance dans certaines régions de l'Hexagone semble indiquer qu'elles s'adaptent bien à notre climat. Arvalis n'exclut pas que le réchauffement climatique y soit pour quelque chose.

Cette hypothèse pourrait également expliquer la montée des plantes vivaces (notamment le liseron), auparavant confinées dans le Sud et aujourd'hui observées dans la plupart des régions.

 

 

Le désherbage dans un courant alternatif

«Nous constatons une progression des méthodes alternatives de désherbage, rapporte Françoise Baubet, de la Protection des végétaux. Le binage, qui constitue la principale technique utilisée, peut permettre l'économie d'un traitement de postlevée. D'autres outils sont également employés, comme la herse-étrille ou la houe rotative. Cependant, le désherbage mécanique doit être pratiqué en conditions sèches, afin que les plantes arrachées se dessèchent rapidement à l'air libre. Les conditions climatiques ont ainsi été plus favorables cette année qu'en 2008.»