L'alliance intersyndicale a du plomb dans l'aile. Les actions de l'Association des producteurs de lait indépendants (Apli) commencent à indisposer ses alliés.
La Confédération paysanne a appelé à «un minimum de concertation et d'organisation», reprochant à l'Apli de ne pas avoir respecté l'ultimatum dans l'action commune de blocage des laboratoires d'analyse du lait, la semaine dernière.
Projet de nouvel office
L'Apli ne compte pas s'arrêter là. Elle a lancé une série de réunions dans toute la France pour présenter son projet de création d'un Office du lait, une interprofession alternative.
L'association compte réunir suffisamment de volumes de lait pour peser dans les futures négociations. Elle se fixe un objectif minimum de 35 % de la collecte française, soit près de 7 milliards de litres.
Les producteurs sont invités à signer une promesse d'adhésion au futur office. Lors d'une réunion à Couterne (Orne) le 7 décembre, à laquelle assistaient une centaine de producteurs, dix millions de litres de promesses ont ainsi été récoltés. L'Apli dit avoir déjà atteint un milliard de litres en une semaine.
La même démarche est engagée dans d'autres pays européens. L'European Milk Board fixerait un prix de base du lait commun. Le futur office paierait directement les producteurs français et facturerait les industriels.
Le paysage syndical n'est pas le seul sujet mouvant. L'incertitude plane sur certaines zones de collecte, en particulier celle de l'URCVL en Rhône-Alpes et Auvergne, et celle du GIE Sud lait en Midi-Pyrénées, dont le collecteur Leche Pascual devrait cesser ses ramassages à la fin de l'année.
Lactalis sème le trouble
Le dossier de reprise d'Entremont alliance patine également. Alors que les discussions avec Sodiaal n'ont pas encore abouti, Lactalis élaborerait une offre pour la fin de l'année, divisant les parties impliquées. Les producteurs sont sensibles à la promesse d'un prix du lait aligné sur celui des producteurs Lactalis.
Coop de France accuse quant à elle le géant mayennais d'exercer des «pressions» auprès des pouvoirs publics pour emporter le morceau. L'option Lactalis ne séduit pas les salariés d'Entremont, qui redoutent des fermetures d'usines et s'inquiètent du «modèle social désuet» et de «l'endettement» du groupe.
De leur côté, la FNPL et les coopératives semblent désormais s'accorder sur les grandes lignes concernant la régulation et la contractualisation (voir ici ). Un consensus que sont loin de partager les minoritaires.
Aides aux producteurs : plusieurs dispositifs superposésLes aides promises pour le secteur laitier ont donné lieu à une surenchère de chiffres. Une enveloppe spécifique «lait» de 30 millions d'euros (M€), annoncée en juin, a été suivie d'une autre enveloppe de 30 M€ pour l'ensemble des filières d'élevage, annoncée en septembre. Le plan de soutien du 27 octobre, de 650 M€, englobe quant à lui toutes les filières agricoles. Les différents plans recouvrent des bonifications de prêts à la trésorerie, des prises en charge d'intérêts ou de cotisations MSA, etc. Enfin, la France touchera 51 des 300 M€ d'aide attribués par Bruxelles au secteur laitier, à verser avant fin juin. A chaque Etat d'en définir les critères d'attribution. |