Fin de l'entracte. Considérant que leurs revendications n'ont pas été entendues, l'Association des producteurs de lait indépendants (Apli), la Confédération paysanne (CP) et la Coordination rurale (CR) ont repris leurs actions communes.
Cette fois, ce sont les laboratoires d'analyse interprofessionnels qui sont ciblés, certains depuis la semaine dernière. Mercredi, cinq étaient encore bloqués, avec à la clé le chômage technique pour leurs salariés et ceux du contrôle laitier.
Les syndicats minoritaires réclament toujours une renégociation de l'accord du 3 juin sur le prix du lait pour faire passer une hausse «immédiate».
Ils estiment aussi que «l'application de la flexibilité négative est non justifiée», compte tenu de la hausse des produits industriels. Et ils souhaitent intégrer l'interprofession et participer aux prochaines négociations.
Table ronde
Pour Henri Brichart, président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), il n'est pas question de rediscuter l'accord. Mais, nouveauté, il est prêt à rencontrer la CP et la CR. Ces dernières préféreraient que le ministre de l'Agriculture chapeaute une table ronde intersyndicale. Elles en ont fait la demande lundi.
En revanche, l'Apli n'est pas la bienvenue à la FNPL. Elle s'est attiré les foudres d'Henri Brichart en manifestant la semaine dernière devant son domicile et celui de Régis Chevallier, ancien vice-président du syndicat.
Pourquoi ne pas toucher à l'accord? Parce que s'il est respecté, le prix du lait devrait remonter l'an prochain. La FNPL table sur une hausse de 3 à 8 % au premier trimestre 2010 par rapport au premier trimestre 2009 (de 3 % pour les laiteries orientées sur les produits de grande consommation à 8 % pour les transformateurs impliqués dans les produits industriels).
Le ministre de l'Agriculture soutient très prudemment la FNPL. «Il me semblerait normal que le prix du lait 2010 soit supérieur au prix du lait 2009», a-t-il déclaré lundi.
Cependant «les demandes doivent rester raisonnables pour que nous ne perdions pas en compétitivité et que nous ne favorisions pas les importations de lait en France».
Entremont : les éleveurs attendent d'autres projets de repriseCes dernières semaines, l'association des éleveurs Entremont alliance (AEBEA) a organisé des réunions pour connaître l'avis des producteurs sur la proposition de reprise du fromager par Sodiaal. Près de la moitié des 4 000 éleveurs bretons se sont exprimés: 80 % veulent que les discussions avec Sodiaal se poursuivent, 85 % souhaitent que des négociations s'engagent avec d'autres repreneurs. Pour Pascal Nizan, président de l'AEBEA: «Il ne doit pas y avoir de droit d'entrée à fond perdu. En cas de participation des producteurs, cela doit être un investissement capitalisé.» Il évoquait la contribution de 3,80 €/1.000 l, voulue par Sodiaal pour restructurer la filière emmental. Et 91 % des éleveurs ne veulent plus livrer à Entremont. La clause d'exclusivité avec Sodiaal s'est éteinte le 30 novembre. La porte est désormais ouverte à Lactalis ou à d'autres repreneurs. Le bien-fondé de l'AEBEA est cependant contesté. La Confédération paysanne estime «plus légitime et plus transparent que les modalités du rapprochement soient présentées au cours d'une assemblée générale extraordinaire d'Eolys», coopérative d'Unicopa qui détient 30 % d'Entremont. par Isabelle Lejas |